Bossuet disait : "Dieu se rit de ceux qui se plaignent des effets dont ils chérissent les causes !".
Ce constat trouve toute son actualité. Déclinable aujourd'hui en de très nombreux domaines, l'un en particulier mérite réflexion, car il trahit cette malheureuse propension "franchouillarde" à penser que nous avons raison contre le monde entier, et à foncer vers le précipice en klaxonnant !
Aucun citoyen de ce beau pays n'aura échappé aux images d'un ciel grisâtre, et d'un soleil voilé. Aucun citoyen n'aura échappé aux diagnostics des "Diafoirus" sur les causes, les symptômes et les remèdes, face à une pollution, rarement atteinte depuis de longues années, mais dont tout permet de penser que la récurrence sera désormais assez fréquente.
Certains citoyens, auront vu ou entendu, des lanceurs d'alertes, comme C. Lepage, experte égarée en politique, souligner qu'une loi sur l'air existe depuis près de 20 ans, et qu'il eut suffit déjà d'appliquer la loi pour ne pas en arriver là. Mais me direz-vous, où en sommes-nous arrivés ?
Nous en sommes arrivés à ce formidable paradoxe de voir une activité, un produit, néfaste à la santé publique, le diesel, être à la fois subventionné directement et indirectement, et être générateur de coûts induits pour le budget de la santé, et de manque à gagner pour le budget de l'État !
Une nouvelle fois, un "champion français" contraire à l'intérêt général a été privilégié par des pouvoirs publics manipulés par des lobbies de toute nature et aveuglés par une lecture court-termiste de la gestion du bien-être citoyen.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit, le diesel a été promotionné, à l'achat des véhicules, au niveau du prix à la pompe (TIPP moindre), mais aussi au niveau du fléchage des crédits recherche, là où le moteur hybride ou thermique est resté le parent pauvre, générant de graves déficits de compétitivité pour nos constructeurs.
Voilà très rapidement brossée l'approche politico-industrielle. Il en est une autre qui me tient tout particulièrement à coeur, l'impact santé publique. La France est sans doute l'un des rares pays au monde, qui subventionne puissamment, directement et indirectement, un produit dont l'OMS reconnait qu'il a des effets sur la santé humaine, par le biais de différentes pathologies, au premier rang desquelles le cancer du poumon.
Juste un petit chiffre pour situer les enjeux, mais sans perdre de vue "l'humain", le traitement d'un cancer du poumon, sans préjuger de l'issue, s'élève à 13 000 euros, à rapprocher des 30 000 décès attribués à ce cancer et lié à la pollution de l'air.
Je n'irai pas plus loin dans l'instant, sauf à souligner qu'au moment où l'on rabote des niches, au moment où l'on se pose des questions sur notre déficit et notamment celui des comptes de la santé, il serait peut-être temps de se poser les bonnes questions.
Pour nous, l'une relève du vrai courage politique, et l'autre du simple bon sens citoyen. Cette affaire de lutte contre les pollutions, et d'harmonisation des politiques énergétiques et industrielles, montre si besoin est qu'une Europe repensée est indiscutablement l'échelon pertinent pour des mesures efficaces, gardienne de la santé des populations aujourd'hui, et soucieuse de celle des populations à naitre... cela s'appelle le développement durable.
R Hasselmann
Le Cercle Les Échos
16 mars 2014