Avant de partir en vacances, j'avais comparé l'expression carrée et directe d'un site internet
(bakchich) au style contourné du Monde, au sujet des réformes hospitalières.
A mon sens si les journalistes étaient un peu plus engagés, assumant un point de vue partial mais informé, nous ne nous en porterions que mieux.
Il faut voir avec quelle véhémence Claude Askolovitch s'est défendu de toute partialité, chez Eric Mainville, à propos de son traitement de Besancenot dans le
Nouvel Obs. Il aurait mieux fait d'assumer une partialité après tout compréhensible de la part d'un journaliste de l'Obs au regard du porte parole de la LCR.
Idem quand une journaliste du Monde se sent obligée d'écrire que Sarkozy est aussi libéral qu'interventionniste, lors
qu'il est surtout un cheval libéral pour une alouette dirigiste.
Ce goût du neutre dont crève doucement la presse se traduit par un traitement parfois étrange de l'information.
Ainsi d'une info abracadabrantesque reléguée en
pages intérieures du Monde d'hier, sans appel de une, même pas en haut de page, misérable : "Les Hospices civils de Lyon, premier employeur
de la ville, sont en faillite." (un aimable commentateur précise qu'un CHU ne peut être en faillite, c'est sans doute vrai. Il n'empêche qu'être
en déficit avant la moitié de l'année ne doit pas faciliter la gestion sereine des affaires. D'autres se félicitent qu'enfin l'attention des lecteurs soit attirée sur la situation de l'hôpital
public. C'est encore bien discret à mon goût...)
Il faut lire l'article pour comprendre qu'il y a peut être un lien vague et lointain avec des réformes libérales de l'hôpital : "Lyon n'est pas un cas isolé : seuls deux des 31 centres
hospitaliers universitaires de France, Limoges et Poitiers, ne sont pas déficitaires. Entre 2005 et 2007, le déficit global des CHU français est passé de 24 millions à 367 millions d'euros. Cette
crise s'explique notamment par l'évolution du mode de financement : depuis 2004, les CHU ne reçoivent plus de dotation globale de l'Etat, mais sont passés à une tarification par activité."
Pour moi, "le déficit global des CHU français est passé de 24 millions à 367 millions d'euros", ça aurait pu faire un beau titre de Une, avec une suite sur les ravages de la tarification à
l'acte dans les hôpitaux publics sur fond de croissance des cliniques privées. Ravages qui permettront ensuite de justifier plus de privatisations (cf. aussi ce très beau billet sur les moyens statistiques d'arriver à la conclusion que le public est inefficace).
Mais non. A la place on a l'eau tiède habituelle, avec ce superbe et très administratif "cette crise s'explique notamment...", qui permet de ne mouiller personne et de préserver
l'avenir.
Ben voilà. Il y a des jours où la lecture des infos me met dans la même humeur que CSP, où je n'ai pas envie de
pondération soft (qu'il me pardonne, j'espère, cet extrait un peu long, ça en vaut la peine et ça n'empêche pas d'aller lire le reste) :
"Et croiser quelqu'un que je connais très bien, qui est très proche, et la voir en train de faire les restes d'un marché pour quelques légumes et qui devient rouge et baisse les yeux quand elle
s'aperçoit que je suis suis là ...
Non, ça ne me fait toujours pas rire, non. Désolé.
Alors je rentre chez moi, j'allume l'ordinateur et je regarde la presse en ligne. Et je lis des trucs comme ça :
"pour faire pression sur les prix, la meilleure manière est de libérer la concurrence"
Ou plus loin :
"L'économie française, qui accuse un chômage encore élevé et des déficits lourds, avait besoin d'une clarification. Les réformes manquaient de cohérence. Un an
après, elles en gagnent."
Et je n'arrive toujours pas à prendre les choses à la légère."
Ben moi non plus.