« Des moments de poésie et de connivence » voilà comment le Docteur Guilbert médecin généraliste à Bagneux, petite ville de banlieue parisienne, résume son livre « C’est grave docteur ? » qui vient de sortir aux éditions de l’Opportun.
J’ai eu vent de cet ouvrage grâce à un tweet de mon amie Catherine de Rohan (@cderohan sur twitter) hier après midi. Curieuse, je clique sur le lien vers l’article de 20 minutes qui publie une interview de l’auteur. …
Que peut bien cacher cette jolie accroche ?
Et bien, je n’ai pas été déçue du voyage ! Ce livre est un recueil des perles des patients les plus drôles entendues par ce médecin ou plus exactement celles qui l’ont fait le plus rire. Il donne ainsi quelques exemples dans l’article : «J’ai une hernie fiscale», «Il a failli mourir d’une embellie pulmonaire», «J’ai attrapé une chiatique». «Le cancer du sarcophage, c’est grave ? ». A hurler de rire vous ne trouvez pas ? Ces personnes deviennent la risée du médecin qui lui sait, qui connaît la maladie, qui maitrise parfaitement le langage médical et qui en plus, si vous avez un peu de chance, saura vous soulager de tous vos maux à l’instar de Dieu le père. L’exemple parfait du regard du sachant sur l’ignorant, de celui qui détient pour un instant le pouvoir face à un patient fragilisé par la maladie ou la peur de celle-ci qui se perd dans un lapsus ou pire, prouve sa méconnaissance d’un vocabulaire compliqué réservé aux experts.
Quand le journaliste lui demande s’il n’a pas peur de la réaction de ses patients qui vont voir exploiter leurs erreurs, Monsieur Guilbert rétorque : « Non car cet ouvrage témoigne de notre complicité. Quand un patient fait un lapsus, on en rit ensemble. Et ceux qui m’ont choisi comme médecin traitant, savent que j’apprécie l’autodérision. » Mais comment peut-on imaginer que des personnes, appréciant l’autodérision -ou pas- trouvent drôle de se voir épinglé dans un livre ? Que l’on rit, y compris nerveusement, de ses erreurs, dans l’alcôve d’un cabinet je le conçois, mais de là à accepter de les publier ! Où sont la connivence et la complicité dont il parle ? Soyons sérieux, qui ces moqueries irrespectueuses sont elles sensées faire sourire ? Ses patients ou ses confrères ?
Cela m’a bien entendu, immédiatement fait penser au #ppcs de certains médecins sur twitter dont j’ai parlé dans ce billet. Je vous engage à aller le lire et surtout à prendre le temps de vous arrêter sur les commentaires ! A l’époque, je m’étais insurgée contre certains (peu heureusement) médecins qui passent leur temps à twitter les « premières phrases de consultation » de leurs patients. A l’instar d’une salle de garde ou d’une cantine d’hôpital, et au mépris de leurs malades, chacun y va de son commentaire. Extrêmement drôle … A ceci près que le réseau social est public et que tout le monde peut lire ces #ppcs. Alors que dire d’un livre qui reprend le principe et qui va sans aucun doute avoir bien plus de lecteurs que ces médecins twittos ?
Tous les métiers ont leurs anecdotes croustillantes, garagistes, assureurs, artisans…. Bon nombre d’entre nous se sont déjà retrouvés dans un diner pendant lequel un ami raconte à l’assistance la dernière bourde d’un client ! Mais seuls les convives entendent et rient de la méprise ! Dans le cas de twitter et à fortiori de ce livre, ce n’est pas 4, 5 personnes mais des milliers qui vont avoir la possibilité de se moquer de personnes malades et sans doute, pour certaines à un moment rempli de stress et d’angoisse.
Je pense qu’il serait nécessaire d ‘écrire le pendant de ce livre : un recueil des « bons » mots de nos chers médecins. Ceux qui nous reçoivent comme un chien dans un jeu de quille, qui oublient de prendre des gants quand ils annoncent une mauvaise nouvelle, qui font des erreurs de diagnostic délétères pour les malades… Ceux qui n’ont ne font preuve ni de psychologie, ni d’empathie, qui nous prennent de haut, qui oublient le serment d’Hippocrate et transforment leur métier en simple commerce…. Docteur Guilbert, vous même, êtes-vous certain d’avoir été irréprochable tout au long de votre carrière ? On est tous l’imbécile de quelqu’un, Doc !
Alors chers lecteurs et lectrices, ne vous gênez pas, racontez nous à votre tour, les bourdes de vos médecins, lâchez-vous et qui sait peut être cela fera réfléchir certains d’entre eux !
Catherine Cerisey