François & The Atlas Mountains - Piano Ombre
« Heureusement qu’il y a la musique magique l’amour a déçu ». Mantra plein d’assonances et d’allitérations qui ouvre Piano Ombre, le nouvel opus de François & The Atlas Mountains. Le titre s’appelle Bois, et ouvre l’album sur une note résignée d’amour en quarantaine qui se soignerait à coup de prestidigitations musicales, la mélodie contre la maladie, d’amour. Celle d’un chant cuivré sur toute la fin du morceau, accompagnée d’assaisonnements électroniques. Constat liminaire, magnifique ou tragique (au choix) d’un album qui doit succéder à la perle E Volo Love, première incursion du groupe dans nos oreilles curieuses d’une proposition française pop et audacieuse.
Mais cette assertion n’est pas exacte. Ou disons qu’elle puise au sein de tous les états de l’amour la matière privilégiée et fragile de leur oeuvre. Avec eux, on pourrait parler de désaturation, en couleur comme en musique : l’art d’optimiser les tons pâles, d’écrêter les excès de pathos. Pour produire un album compagnon qui trouve sa voie dans l’expression mid-tempo, jamais facile, jamais satisfaite. En quelque sorte, écouter Piano Ombre, c’est partir dans une grande balade qui souffle à nos oreilles des mots aériens, pour mieux nous clouer au sol fécond. Summer of the Heart reprend l’alchimie de Soyons les plus beaux, hymne du premier album : recette composée de douceurs et de promesses mélancoliques. La Vie Dure, sur des batucadas étouffés par la politesse de la danse retenue, interroge à nouveau, avec toujours cette science du savoir dire au passé simple, le décrépit d’un amour fané, consommé. Pour toujours finir sur un final en transe, qui s’épanouit et transcende en boucle, comme si le message était que tout, amour, musique, n’est qu’un éternel recommencement.
Entre temps est passée La Vérité, ritournelle « bien habillée, d’un regard de chat, de quelques pas narquois » merveilleux pont et premier tube évident de ce Piano Ombre élégant, attachant, aux références diffuses (un zest de Vampire Weekend, une pincée de Dominique A, des clins-d’œil à Mermonte). Tube qui ne fera pas d’ombre pour autant aux déclarations vaporeuses de La fille aux cheveux de soie, ni aux confessions lumineuses d’un Piano Ombre, le morceau éponyme.
François & The Atlas Mountains passe avec réussite le cap du second album, et conforte ainsi sa place de poète indispensable dans le paysage bourgeonnant de la scène française.
Le premier single, La Vérité :