Sur neige il y avait traces, on laisse tous des traces.
Trace du lièvre des neige, fofolle, qui peut tourner en rond, revenir sur ses pas, le lièvre aime accompagner ses propres traces, trace du chevreuil, droite et timide comme celle du coyote, trace inquiétante du carcajou teigneux en câlisse, trace du dindon sauvage qui prend appui sur ses ailes au moment de l'envol et laisse des stries sur la poudre...
Mon oncle perd les siennes, à mon retour du pays de neige je le conduis ce lundi à la maison de retraite d'Amou, ses yeux clairs pleurent ; pleurent avec désespoir un mystère douloureux : sa mémoire se dilue, sa trace se perd.
Traces qui se perdront bientôt, toutes. Les miennes s'accrochent encore à neige qui fondra pourtant un jour, ici, c'est le printemps de vie.
Autres traces invisibles dans une vie sans neige...