Michel Sapin, en charge du Travail, est plutôt habitué à commenter les chiffres d'un chômage dont "l'inversion de la courbe de la hausse" ne vient pas aussi vite qu'on le souhaiterait. Sur un sujet aussi grave, la gestion de nos inspecteurs du travail, une administration dont il a la charge, Sapin a enchaîné les bourdes comme d'autres enfile les perles.
Il y eut une blague malheureuse, qui resta en travers de la gorge de l'intéressé, l'occasion d'une remise de carte professionnelle, en décembre dernier. Mais il y avait surtout cette réforme de l'inspection qui fait hurler. Le sujet est grave. La fraude sociale est immense et pour l'essentiel du ressort des employeurs. La France ne compte que 2.236 agents de contrôle, dont 743 inspecteurs et 1.493 contrôleurs.
De quoi s'agit-il ?
1. Passer en inspecteurs l'essentiel des contrôleurs actuels, qui disposent de moins de pouvoir (540 postes concernés d'ici 2015)
2. Autoriser les inspecteurs à infliger des amendes administratives ou à arrêter certains travaux dangereux pour les salariés.
3. Créer des "unités de contrôle" (UC) de 8 à 12 agents, nouvelle entité règlementaire. Cette mesure a reçu une forte opposition des syndicats (CGT, FO, Snutefe-FSU et SUD), qui craignent de perdre leur indépendance au profit d'un travail en équipe de taille aléatoire (aux détriments du suivi des affaires), d'une réduction des effectifs d'agents de secrétariats, et la perte d'indépendance individuelle des inspecteurs.
Michel Sapin avait un temps tenté de faire passer la dite réforme dans la loi sur la formation professionnelle. Puis, il s'est décidé à passer en force par un décret. Il a bien du convoquer des consultations avec les syndicats, ce serait obligatoire.
Mais les syndicats opposants, majoritaires, l'ont boycotté.
Michel Sapin, dont certains célèbrent par ailleurs son sens du dialogue social, consulte donc ... tout seul.
Ou presque.
Où est passé le dialogue social ?