Les planches d’automne s’envolent au printemps

Au printemps 2013, des rumeurs nous rapportaient que des planches de mon père circulaient sous le manteau… Alors que quelques unes apparaissaient officiellement au travers de ventes aux enchères, à Drouot ou ailleurs…

Je trouvais cela étonnant dans la mesure où mon père a pourtant toujours détesté ce phénomène : le marché des originaux. Cela le rendait même furieux. Je me souviens très bien qu’il mandatait son avocat pour qu’il fasse pression sur tel ou tel commissaire priseur pour connaître l’origine, la provenance de la pièce mise en vente. Cette prise de position faisait que certains se rétractaient plutôt que d’affronter les risques. Et voilà qu’aujourd’hui, une fois encore, tout a changé : après la dation surprise à la BNF de trois albums (dont les deux premiers que mon père avait pourtant promis à mes deux garçons), les sorties de planches se multiplieraient. On parle de centaines… Au profit de qui ? Personne ne semble vouloir s’en préoccuper. La fuite de ces œuvres d’art, véritable patrimoine artistique, me paraît pourtant plus grave que toute fuite de capitaux vers des paradis fiscaux bien connus.

Officiellement, à l’automne 2013, chez Kapandji-Morhange, quatre planches magnifiques étaient mises en vente, un peu à la va vite, par cette étude qui n’avait pourtant aucune sensibilité BD jusque là. En avril prochain, la même étude récidivera, encore avec quatre nouvelles planches… Au printemps 2013, lors d’un déjeuner au Fouquet’s, c’est la couverture du Devin qui était mise en vente, à la casse, cette fois… Heureusement, depuis, des professionnels s’en sont emparés et c’est Christies qui va la remettre en vente, le mois prochain. Cette fois l’estimation est six fois supérieure au prix d’achat… C’est, décidément, le meilleur placement financier du moment : en un an, 600% ! Mais que doit penser mon père ?

Les internautes qui ont des informations à partager sur ces différentes ventes seront les bienvenus. Ce n’est plus de l’effeuillage, c’est, on peut le dire, du pillage, non ?

Allez, on résiste encore !

Sylvie