Durant une anesthésie générale, le cerveau reçoit, mais peut également enregistrer, à notre insu, des informations sensorielles. C’est ce que suggère cette étude de l’Université de Pittsburgh qui a exposé des rats sous anesthésie générale à des odeurs spécifique tandis que sous anesthésie générale. L’examen de leur tissu cérébral après l’anesthésie, révèle la présence d’une empreinte cellulaire même si les rats se comportent au réveil comme s’ils n’avaient jamais rencontré l’odeur. Ces conclusions, obtenues à ce stade chez l’animal et présentées dans la revue Anesthesiology, soulèvent la question de modifications possibles du cerveau pendant l’anesthésie et appellent à des recherches supplémentaires la profondeur de l’anesthésie et sur ses effets sur l’apprentissage et la mémoire.
De précédentes recherches ont déjà suggéré que l’information sensorielle est bien reçue par le cerveau sous anesthésie générale, mais pas perçue. Ces nouvelles données suggèrent que le cerveau reçoit non seulement ces données sensorielles, mais les enregistre aussi au niveau cellulaire sans rappel possible de l’information après réveil de l’anesthésie.
Dans cette étude, les rats ont été exposés à une odeur spécifique sous anesthésie générale. L’examen du tissu cérébral révèle la présence de l’empreinte cellulaire, explique le Pr Yan Xu, vice-président du département d’anesthésiologie de l’Université de Pittsburgh School of Medicine et auteur principal de l’étude. Les chercheurs ont réparti aléatoirement 107 rats soumis à différents niveaux d’anesthésie et à différentes odeurs. Certains animaux ont été exposés à la même odeur pendant et après l’anesthésie, d’autres seulement après, les uns à des odeurs familières, d’autres à des odeurs nouvelles, et d’autres enfin pas du tout. Après récupération de l’anesthésie, les chercheurs ont évalué leur mémoire des odeurs puis ont analysé leurs cerveaux au niveau cellulaire. Si les rats ne semblent avoir aucun souvenir d’odeur sous anesthésie, leurs tissus cérébraux au niveau cellulaire présentent l’empreinte d’un "souvenir" de l’exposition à l’odeur sous anesthésie. Concrètement, l’odeur est enregistrée et ne correspond plus à une nouvelle odeur.
Des questions à la clé: Le fait qu’un cerveau anesthésié puisse non seulement recevoir des données sensorielles mais aussi distinguer que cette information est nouvelle et l’enregistrer pose plusieurs questions. Celle de la profondeur de l’anesthésie : Est-elle suffisante ? Celle de la manière dont l’anesthésie affecte notre cerveau dont ses effets sur l’apprentissage et la mémoire.
Source: Anesthesiology via Eurekalert (AAAS) Rats’ brains may ‘remember’ odor experienced while under general anesthesia (Visuel© lightpoet – Fotolia.com)