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Je ne vous mentirai pas

Publié le 14 mai 2008 par Malesherbes
Interrogée par Laurence Ferrari à Dimanche +, Catherine Pégard, conseillère politique de Nicolas Sarkozy, déclare, à son propos : «Ce qu'il n'apprécie pas, c'est d'être caricaturé. La critique, si elle est justifiée, elle est légitime ». Erreur, mon Président. Critiquer consiste à apprécier, favorablement ou non, un fait, une déclaration, un écrit ou une oeuvre. Celui qui critique émet une opinion, généralement étayée par des arguments, et tant qu’elle n’enfreint pas la Loi, toute opinion peut, du moins jusqu’ici, être exprimée. Celle ou celui qui se sent concerné par cette opinion peut y répondre en fournissant à son tour arguments et contre-arguments mais il ne lui appartient en aucune manière de juger si cette critique est ou non justifiée.
Dans la même émission, Mme Pégard dit également, toujours à propos de Nicolas Sarkozy : « je pense que c’est quelqu’un de très franc ». Comme elle avait indiqué qu’il n'aimait pas être caricaturé, je rappellerai alors, à titre d’exemple, la déclaration qu’il fit sur LCI le 2 février 2006 en tant que ministre de l’Intérieur : « je préfère l'excès de caricature à l'excès de censure ».
Je limiterai cette démonstration de franchise innée à un second exemple. Le 13 novembre 2007, devant le Parlement européen à Strasbourg, notre Président déclare : « tous ceux qui ont fait l’expérience de renoncer à la défense des droits de l’homme au bénéfice de contrats n’ont pas eu les contrats et ont perdu sur le terrain des valeurs ». Après ces mâles paroles, moins d’un mois plus tard, lors de la visite de Kadhafi en France, alors que l’Elysée avait annoncé des tractations portant sur dix milliards de contrats avec la Lybie, l’homme qui ne nous mentira pas a fustigé « ceux qui donnent des leçons en matière de droits de l'Homme en prenant [leur] café-crème boulevard Saint-Germain ».
Comment un homme si franc peut-il se contredire aussi aisément ? Et c’est lui qui prétend dicter aux journalistes et à l’AFP ce qu’il convient de dire ou de ne pas dire ? Badinguet n’est pas mort !

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