Douzième aventure en dix années de la fine équipe Victor Legris, Joseph Pignot, à laquelle s’associent Kenji Mori et, oh ! Surprise ! Même la belle et rousse Tasha. Voici qu’on nous annonce d’autre part qu’il s’agit de la dernière … Je ne veux pas le croire ! Mais on nous laisse entendre que, peut-être, ailleurs, bientôt …
Nous voici donc en juillet 1900 et la nouvelle intrigue se noue autour des pavillons et des allées de l’Exposition Universelle qui occupe les berges de la Seine, l’esplanade des Invalides, le Champ de Mars et les jardins du Trocadero, sans oublier le Village Suisse. Des meurtres étranges sont perpétrés à l’aide de flèches empennées de rouge. C’est le premier crime qui suscite l’attention de Victor, le libraire de la rue des Saint-Pères car la victime est un asiatique, le cousin éloigné d’une connaissance de Kenji Mori, le beau-père de Victor. Ichirô Watanabé se sent menacé. Victor et Joseph vont une nouvelle fois se dévouer et repartir en chasse.
A vrai dire, le fil de cette histoire et bien difficile à saisir et encore plus à démêler, même quand l’explication en est donnée par le Commissaire Valmy, à la toute fin de l’ouvrage. Son plus grand intérêt, comme toujours, est de nous faire visiter comme si nous y étions cet extraordinaire événement qui attire le monde entier. Plus de 50 millions de visiteurs, des attractions pour tous les goûts et tous les publics, des nouveautés technologiques comme l’inauguration de la première ligne de métropolitain reliant le bois de Vincennes, où se tiennent les activités sportives, et le pont de Neuilly, la création d’un nouveau pont inauguré par le tsar de Russie, les innombrables reproductions de monuments qui sont autant de manières de remonter le temps.
Le thème de la poursuite dans la foule – se souvenir du Troisième Homme – est un grand classique de la littérature et du cinéma. Ici, les pérégrinations des protagonistes se compliquent à travers Paris, de la colline du Trocadéro à la rue Dieu en passant par les abords sinistres du chantier de l’exposition … et même une incursion le long des berges de la Seine à Bougival, où la pollution fait crever les poissons et empeste l’atmosphère. Car en cet été 1900 règne la canicule qui contraint la ville à couper l’eau courante. Pour corser le tout, les compagnies de fiacres se mettent en grève !
Le plaisir aussi de retrouver un personnage aussi retors que sympathique, un filou pickpocket enjôleur déjà rencontré dans Le léopard des Batignolles : Frédéric Daglan. Comme les autres personnages de cette histoire des plus embrouillées, il se fait passer pour un Anglais … Il est vrai qu’à l’époque où l’on commence tout juste à créer les fichiers anthropométriques, rien n’est plus facile que de changer d’identité.
Le dragon du Trocadéro, polar de Claude Izner, édité chez 10/18, collection Grands détectives, 357 p. 8,80€