Tel est le constat le plus désolant d'une nouvelle enquête sur la lecture réalisée par Ipsos pour le Syndicat national de l'édition et le Centre national du livre. 30% des Français n'ont lu aucun livre ces douze derniers mois. Aucun livre. Même pas un roman de Guillaume Musso ou un manuel de menuiserie. Encore n'est-ce désolant que si on estime posséder les valeurs les plus authentiques et désirer partager avec le monde entier le goût de la lecture qui est le mien, le vôtre (sinon, que faites-vous ici?).Pourquoi ne lisent-ils pas? On leur a posé la question et ils ont répondu. Je n'aime pas ça, disent-ils à 57%. Je n'ai pas le temps, 38%. Toutes les autres réponses étant marginales (5% ou moins), il faut bien considérer ces arguments comme les raisons majeures de la non-lecture. D'autant qu'ils se rejoignent. Dire: je n'ai pas le temps, c'est dire aussi: je préfère occuper mon temps à autre chose. Quoi? Regarder Les feux de l'amour (ça existe encore, ça?) à la télé? Aller me promener? Draguer la voisine - ou le voisin? Jouer aux cartes? Le mystère est entier...Mais réjouissons-nous: les autres sont des lecteurs et représentent donc 70% de la population sondée. Ils ont lu en moyenne 15 livres au cours des derniers mois et un quart d'entre eux sont considérés comme des grands lecteurs (20 livres et plus). Ces grands lecteurs sont surtout des lectrices, voilà qui ne nous change guère des indications souvent reçues dans la pratique - demandez aux bibliothécaires ou aux libraires. Ils ont lu des livres policiers pour 41% d'entre eux (un peu plus chez les femmes que chez les hommes), des ouvrages pratiques pour 36% (beaucoup plus pour les femmes), d'histoire pour 34% (surtout les hommes), de la BD, 27% (davantage les hommes), d'autres romans contemporains - Marc Levy? - pour 26% (les femmes en sont plus grandes consommatrices que les hommes). Chez les moins de 35 ans, la science-fiction est la catégorie la plus prisée, les classiques arrivent en cinquième position (lectures scolaires?).Cette avalanche de chiffres se déroule sur une soixantaine de pages (des unités de présentation PowerPoint, plutôt) et présente toutes les caractéristiques d'un produit susceptible de donner la gueule de bois. On est rassuré d'apprendre que ce rapport d'études a été élaboré dans le respect de la norme internationale ISO 20252, ce qui ne me dit rien mais en impose. Si vous désirez en savoir plus, l'intégralité du rapport est téléchargeable ici.Et, si les résultats de cette enquête sont publiés maintenant, c'est bien entendu parce que le Salon du Livre de Paris se tient du 21 au 24 mars à la Porte de Versailles, l'occasion pour moi d'aborder ici , à partir d'aujourd'hui, quelques facettes de la vie littéraire (ou du livre) liées, de près ou de loin, à cet événement.