Faire rire au cinéma, tous les acteurs vous le diront, c'est difficile. Il y a tout un lot d'écueils à éviter. Il faut être fin et pas vulgaire, il faut grossir les traits sans caricaturer, et enfin, il faut être au service d'une histoire construite. Sans passer, de préférence, par les poncifs du genre.
Certains y arrivent, comme Dupontel, qui mêle à son humour absurde et grand-guignolesque de grandes louchées de critiques sociales bien senties et bien amenées.
Mais il n'y en a qu'une poignée à être admis au club, quand fleurissent tant de comédies populaires au fil des années.
Combattants de papier contre le mauvais goût, zélateurs autoproclamés de l'outrance la plus nauséabonde, ou simples comiques troupiers sans imagination, beaucoup trop de ces prétendants à la vis comica remplissent les salles obscures ad nauseam.
La comédie française (sans majuscules, qu'on sache bien de quoi on parle), est malade. Malade d'elle-même, comme victime de ses automatismes, tournant sans cesse en rond sur les mêmes idées, à vide tant elles sont usées jusqu'à la corde.
Peut-être aussi intimidée par ses références, statues du Commandeur plus que véritables pygmalions. Car la comédie française a un passé ô combien glorieux. Des noms gravés dans le marbre, faisant école dans le monde entier.
La troisième explication vient aussi du public. La majeure partie des spectateurs n'attendant d'une comédie que sa substantielle moelle: le rire. C'est oublier un peu vite qu'un film, quel qu'il soit, se construit avant tout sur un scénario et des personnages. Si les données susdites sont absentes, ou bâclées, c'est l'intégralité du film qui en pâtit. Et les gags, alors, ne servent que de cache misère.
À voir les dernières productions servies au menu des comédies françaises, on a plus l'impression d'être convié à la soupe populaire qu'à un restaurant trois étoiles.
Je deviens sûrement snob avec les années, mais je suis loin d'être le seul. Il suffit de regarder les récompenses attribuées aux comédies françaises pour s'en convaincre. Les professionnels ne s'y trompent pas, eux qui honorent les films construits et consistants, plutôt que les pâles accumulations de gags sans saveur.