Il n'est jamais trop tard pour rattraper le coup concernant un chanteur lorsque les premières impressions ne sont pas exactement comme j'aurais voulu.
Prenez Jérémie Kisling, un chanteur suisse dont j'avais entendu beaucoup de bien depuis quelques années, et notamment lors de la sortie en 2011 de son troisième album "Antimatière", enfin quand je dis que j'avais beaucoup entendu parler, c'est évidemment toutes proportions gardées vu que Kisling n'est quand même une star du show bizz, loin de là, les radios FM ,les médias en général et le grand public ( tout est un peu lié, hélas) continuant de le bouder pour je ne sais quelle obscure raison.
Bref, on avait beau me dire que Jérémie était un des meilleurs représentants de la chanson francophone, celle que je défends depuis la nuit des temps, les morceaux que j'avais écouté de lui ne m'avaient pas convaincu outre mesure : je reconnaissais le soin apporté aux textes et aux mélodies, une vraie élégance et une belle chaleur dans la voix, mais quelque chose clochait, je ne saurais précisemment dire s'il s'agissait d'un je ne sais quoi dans les arrangements, ou bien un coté second degrès trop prononcé avec lequel j'ai toujours un peu de mal dans la chanson- bah oui, Philippe Katrine, c'est pas du tout ma tasse de thé- faisait que je ne pensais pas que l'univers de cet auteur compositeur suisse soit tout à fait le mien.
Et puis j'ai entendu une nouvelle fois beaucoup de bien de lui une énième fois, au hasard d'une émission bilan de 2013 des Sonos Tonnent en podcast sur www.telerama.fr, et plus particulièrement de son dernier album, le 4ème, intitulé "Tout m'échappe", avec dans l'émission, quelques extraits qui là m'ont totalement emportés, et du coup, je me suis plongé plus longuement dans l'écoute de cet album et là pour la première fois je suis tombé complètement sous le charme de l'artiste.
Il faut dire que "Tout m'échappe" opère un vrai virage dans le discographie de Jérémie Kipling : plus de clavier ou d'autre quelquonque instrument éléctronique; l'artiste prend l'option guitares, (folk et électriques) mais aussi surtout de piano acoustique, de cuivres, de la trompette un peu de batterie même, de la flûte traversière sur "Je veux tout avoir" et sans oublier une contrebasse qu'on entend sublimer de nombreux morceaux de l'albums, et cet ensemble d'instruments rend les mélodies réellement poignantes et toujours envoutantes.
Quant aux textes, là encore c'est une évolution qui s'opère avec ce nouvel album, car sans employer l'expression si suremployée " album de la maturité, on constate avec beaucoup de plaisir que Kisling a abandonné les jeux de mots et sarcasmes pour nous offrir une vision plus intime, plus subtile, avec des écrins à la fois personnels et universels sur ses propres angoisses et ses inquiétudes et essayer de réfléchir à sa place de jeune adulte dans sa vie conjugale ou avec autrui au sens plus général. Et ses textes sont mis vraiment en valeur par sa voix qui n'a jamais aussi été claire et aussi belle.
Une des plus belles illustrations de ce virage est certainement ce très beau duo avec sa grande complice Jeanne Cherhal décidement dans tous les bons - et les beaux -coups du moment . En effet, le 5ème morceau de l'album, "Le fil du jour" est une magnifique ode au quotidien du couple, aux paroles sans cynisme aucun, mais en meme temps avec qu'il faut de sage résignation et de foi en l'avenir ("quand les enfants nous prennent la place de roi, de reine", Quand s’écroule le temps sous les coups de tambour, nous perdons le fil du jour").
arement on aura entendu un aussi beau duo- inédit- dans lequel les deux voix se complétaient et fusionnaient aussi subtilement (dommage que la seule version filmée que j'ai récupéré de ce duo soit d'aussi piètre qualité).
J'aime tout autant le morceau "je ne suis pas de celles" - à ne pas confondre avec le " je suis de celles" de Benabar au thème proche- un titre ( le 3ème), à la mélodie plutot entrainante mais aux texte pas forcément très opitimiste mais tellement juste sur ces femmes au physique que l'on ne remarque pas.
Mais je pourrais citer tous les morceaux de l'album car tous ou presque me font chavirer le coeur, que ce soit La Vie est Ailleurs ou "Un coeur en papier") ou encore ce bouleversant Le lierre et le rosier, un magnifique piano voix aux embardées lyriques vraiment saisisantes, à faire frisonner d'émotion.
Et Jérémie a beau défendre la langue française de manière très convaincante, son titre en anglais "This is Your Home" offre une autre facette de son talent, et est tout aussi réussi.
Bref, ce "Tout m'attache" nous présente un univers souvent mélancolique, souvent poétique, tout autant tendre que lucide sur nos vies contemporaines modernes, et accompagné de mélodies toujours originales et souvent déchirantes.
L'artiste n'ayant malheureusement pas le succès qu'il mérite largement, si vous pouviez vous laisser vous convaincre et aller sur son beau site pour écouter les morceaux de votre choix afin de vous faire votre propre idée, et qui sait, vous laisser aussi peut-être également vous laisser charmer comme je l'ai été pour l'univers merveilleux de Jérémie Kisling.