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Ils ne sont plus que 60 sur le site de Reims-Prunay, mais ils se battent pour préserver non seulement leur emploi, mais aussi leur savoir-faire. Car, indique Olivier Dumas, directeur opérationnel de Reims Aviation Industries, il est trčs rare d’avoir sur le territoire national une PME dont le savoir-faire et les connaissances sont reconnues par l’ensemble de la profession, notamment des utilisateurs.
En effet, Reims Aviation dispose d’un bureau d’études et détient les certifications Part 21J (conception/design), Part 21G (fabrication d’avions) et Part 145 (maintenant d’aéronefs). A ce titre, alors qu’elle a livré son dernier appareil en septembre 2013, elle survit avec la production de pičces détachées, la réalisation d’un contrat avec les Douanes françaises pour développer et produire Airbus Defence & Space (ex. Cassidian), les systčmes de contrôles de mission de 6 ŕ 8 King Air KA350ER (Reims Aviation fabrique entre autres des consoles, et les deux premiers exemplaires sont déjŕ en chantier). La société tient grâce ŕ l’argent touché lors de la vente du dernier F406, le numéro 98, livré le 15 novembre 2013. Cet appareil était équipé de la nouvelle suite avionique Garmin G600 et avait pris son envol ŕ partir de Reims-Prunay pour les îles britanniques.
Cette situation ne peut plus durer, aussi l’équipe de direction de Reims Aviation s’est attachée ŕ trouver un repreneur, et la décision du Tribunal de Commerce de Reims doit rendre sa décision ce vendredi dans l’aprčs-midi.
La situation de Reims Aviation Industries est complexe, mais nous allons tenter de la clarifier. L’entreprise historique rémoise était entrée dans le groupe Geci International dont les difficultés financičres l’amčnent ŕ déposer le bilan de Sky Aircraft (fabricant fantomatique du Skylander) dont la liquidation judiciaire a été prononcée le 13 avril 2013. De plus, la vente de Geci Engineering qui comporte Geci Systčmes et ses propres filiales en France, en Allemagne, et en Espagne ainsi que Geci Engineering Services en Roumanie, a été entérinée par les Tribunaux de commerce de Paris et Nanterre le 7 mars de cette année.
Reste donc le sort de Reims Aviation qui tout comme Sky Aircraft était logée dans la filiale Geci Aviation de Geci International. Et, chose assez remarquable pour qu’elle soit notée, ce sont les employés de Reims Aviation qui ont demandé son placement en redressement judiciaire le 10 septembre 2013.
Des six personnes du Comité de direction de Reims Aviation, cinq ont décidé de sauver l’entreprise, mais seuls ils n’y sont pas arrivés. Ils ont tout de męme pu avoir des offres de la part de deux partenaires.
L’une, qu’ils ne soutiennent pas car ce rachat verrait la totalité de l’activité de Reims Aviation partir aux Etats-Unis. En effet cette offre émane d’une filiale du groupe chinois Avic implantée aux Etats-Unis et qui a déjŕ prévenu de ses intentions.
Les cinq membres du comité de direction ayant opté pour une prise de capital (certes minime de 75 000 euros, mais qui assure une certaine garantie pour le repreneur), on retenu l’offre d’un investisseur de Hong Kong (qui n’a rien ŕ voir avec les entreprises chinoises qui avaient évalué Sky Aircraft), la société Raydelon General Aviation Company (RGAC). Cette derničre dotera Reims Aviation d’un capital de 3 M€ tandis qu’elle alimentera une ligne de crédit ŕ hauteur de 5 M€ afin d’assurer le redémarrage de la production et de la commercialisation de l’appareil F406.
Avantage de cette offre soutenue par les salariés de Reims Aviation : le maintien de 47 emplois hautement qualifiés avec la perspective d’embauches car le marché existe, insiste Olivier Dumas ; pérenniser l’activité en Champagne-Ardenne avec une société qui, męme si le nouveau nom n’est pas encore dévoilé, restera immatriculée au registre du commerce de Reims et sera dotée d’un management français engagé financičrement dans l’entreprise.
Le Tribunal de Commerce de Reims approuvera t-il la reprise par le hongkongais RGAC ? Il ne semble pas qu’il y ait d’autres issues viables si ce n’est que de liquider l’entreprise. Réponse le vendredi 21 aprčs 14 h date du rendez-vous.
La chronique d’Aeromorning par Nicole B.