[Chronique] Black Lips – Underneath the Rainbow

Publié le 18 mars 2014 par Wtfru @romain_wtfru


(Vice Records)

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Est-ce qu’on vous a déjà dit que les Black Lips étaient le meilleur groupe de rock au monde en même temps que le plus cool ? Oui ? Bon et bien on le rappelle alors, pour les derniers retardataires.
Après une décennie à arpenter la scène underground punk-garage-rock psyché, le quatuor d’Atlanta est allé s’acoquiner en 2011 avec Mark Ronson, pape de la production pop s’il en est. En était ressorti un Arabia Mountain parfait, entre l’esprit cracra qui coule dans les veines du groupe et grain de son un peu plus épuré, donnant alors une autre profondeur musicale et un large éventail de nouvelles possibilités artistiques pour Cole et sa bande.
Trois ans plus tard, les voici de retour avec Underneath the Rainbow. L’occasion de s’aventurer encore un peu plus dans des contrées pop surf-rock ?

Pas du tout. Exit Ronson, les mecs ont fait appel à un autre producteur solide pour leur nouveau bébé: Patrick Carney, le batteur de The Black Keys. Et on reconnait la patte bluesy/country propre au duo de l’Ohio dès les premières notes de Drive By Buddy. On est sur de la musique de cow-boy qui, au lieu de se biturer au whisky, prendrait quelques substances illicites pour se donner un peu de pep’s. L’esprit du Texas ou de la Louisiane plane au-dessus de cet album, avec ce qui fait l’ADN de certains trous poisseux du coin, donnant l’impression d’avancer au ralenti, d’être dans un univers hypnotique et beaucoup trop « calme » par rapport aux excès auxquels les Black Lips nous avaient habitué – et dont on raffole tant.
Le premier single, Boys in the Wood, posait les bases de cette nouvelle approche fumeuse et lancinante avec ce qu’il faut d’esprit psychédélique pour reconnaître le style si caractéristique du groupe. Surprenant (il y a des cuivres sur la fin!) mais surtout diablement réussi.

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Black Lips – Boys in the Wood

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Ce qui n’est pas le cas de toutes les originalités dont peut faire preuve l’opus. Si Justice After All,  délire country-folk-blues ultra gras comme un bon kebab, est une très bonne idée, le curieux Funny et son refrain avec touche de synthé fait parti des plus belles casseroles des géorgiens (la piste « électronique » –> ne plus jamais refaire). Pas forcément convaincu par Do the Vibrate non plus où le côté apocalyptico-bordélique pourrait bien servir de bande son à une série B peuplée de vampires (qui a dit Twixt de Coppola ?).
C’est d’ailleurs toute la fin de l’album qui pâtit d’un manque cruel de tonus ou de bonnes idées (Dandelion Dust qui aurait plus eu sa place sur un album des Black Keys…), à l’exception du morceau final Dog Years, où l’on retrouve le côté criard désordonné si cher à la bande.

Sans surprise, c’est lorsque les Black Lips reviennent aux bonnes vieilles recettes de grand mère que la lumière réapparait. Smiling, Make You Mine ou Dorner Party ont peut être des airs de déjà-vu, mais ce côté flower-punk, on en redemande à l’infini. C’est vintage, ça fait du bruit mais ça donne surtout une furieuse envie de bouger son corps dans tout les sens ou de devenir un hippie californien qui écouterait les Beach Boys en boucle. Efficace comme on le désirait.
Et même si ces titres n’ont pas la puissance des classiques Katrina, Bad Kids, Family Tree et consorts, ils permettent de « redresser le niveau » – un peu dur, parce que le disque est loin d’être mauvais dans son ensemble.

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Black Lips -  Justice After All

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Black Lips – Dorner Party

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Les coups d’essai ressemblent peut être à des coups d’épée dans l’eau, reconnaissons tout de même qu’il se dégage une ambiance sonore assez agréable. On se laisse bercer par ce style hypnotique et langoureux, quitte à perdre le fil dans les moments un peu moins accrocheurs. Mais le fait est que l’homogénéité est cette fois au rendez-vous, chose assez rare pour être souligné chez un groupe qui avait fait du bordel en bande organisée son créneau principal.

Underneath the Rainbow
ne rencontrera peut être pas le même succès que ses trois prédécesseurs (quoiqu’il y avait eu des cons pour regretter le virage pris par le dernier) et souffre sûrement de la comparaison dans notre jugement de valeurs. Il n’en demeure pas moins un bon album de rock avec ce qu’il faut d’uppercuts pour nous tenir chaud un moment. On n’en voudra jamais à un artiste/groupe de prendre des risques, et s’il ne sont pas payants cette fois-ci, pas impossible qu’ils soient d’une aide précieuse par la suite.

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Tracklist
1. Drive By Buddy
2. Smiling
3. Make You Mine
4. Funny
5. Dorner Party
6. Justice After All
7. Boys in the Wood
8. Waiting
9. Do the Vibrate
10. I Don't Wanna Go Home
11. Dandelion Dust
12. Dog Years

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