Alors qu’en France la tuberculose reste tenace en région Île-de-France où restent concentrés 40% des cas, cette large étude, présentée dans le Lancet explique comment, en 20 ans seulement, la Chine est parvenue à réduire de moitié la prévalence de la tuberculose, sur son vaste territoire. C’est le succès d’une stratégie recommandée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), nommée DOTS (pour directly observed treatment- short-course), qui allie le dépistage systématique, au traitement normalisé et au suivi des patients, à la surveillance épidémiologique. Un protocole simple qui mérite d’être appliqué.
Une stratégie associée également à l’introduction et l’approvisionnement sans rupture des antituberculeux de seconde ligne, le but ultime étant de bien diagnostiquer et bien traiter pour prévenir ou ralentir le développement de bactéries multirésistantes. C’est ainsi que la Chine a réalisé cette diminution spectaculaire des taux de prévalence de 170 à 59/100.000 habitants sur la période 1990 à 2010.
L’étude qui a analysé, sur une période de 20 ans, les radiographies et les symptômes de 252.940 personnes âgées de 15 ans et plus, lors de 176 points d’enquête, sélectionnées en aléatoire sur l’ensemble du territoire chinois, montre le double effet de la stratégie DOTS : Sur la première période 1990-2000, seules les 13 provinces chinoises avec mise en œuvre de la stratégie voient leurs taux de prévalence chuter de 30%. Mais, à compter des années 2000, ces bons résultats profitent aussi aux autres provinces qui voient leurs taux chuter à leur tour de 19% en moyenne.
La Chine, un exemple de taille : L’objectif prioritaire du partenariat mondial Halte à la tuberculose (Stop TB) était de réduire la prévalence de la tuberculose de 50% entre 1990 et 2015. En atteignant l’objectif, la Chine démontre l’efficacité du programme DOTS. Un programme dont l’application a également entraîné un changement majeur dans l’efficience des centres de santé et des hôpitaux chinois. Ensuite, la Chine, au-delà de l’exemple, était un enjeu majeur. A elle-seule, elle concentre 1 million de nouveaux cas de tuberculose chaque année soit 11 % de tous les nouveaux cas dans le monde.
Dépister et traiter : Le taux de cas de tuberculose connus et traités, grâce à la stratégie DOTS est passé de 15 % en 2000 à 66% en 2010, faisant mécaniquement chuter le défaut de traitement de 43% à 22 % et de retraitement, de 84% à 31 %.
Alors que de nombreux pays en développement ont déjà amélioré le traitement de la tuberculose –sur la base de DOTS-, les auteurs appellent à des efforts supplémentaires en particulier, à l’adoption de nouveaux instruments de diagnostic -comme les tests moléculaires rapides permettant d’identifier les formes résistantes- et de nouveaux traitements, au diagnostic et au traitement systématique de l’infection tuberculeuse latente et à un élargissement de l’accès gratuit aux soins pour les populations à risque élevé (dont le diagnostic et le traitement gratuits).
Un protocole dont on pourrait tout à fait s’inspirer, en France, pour nos zones à risque élevé.
Sources: The Lancet 18 March 2014 doi:10.1016/S0140-6736(13)62639-2 Tuberculosis prevalence in China, 1990—2010; a longitudinal analysis of national survey data
OMS Poursuivre et renforcer une stratégie DOTS de qualité
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