La face cachée de la lune

Publié le 18 mars 2014 par Tetue @tetue

Dark side of the moon, l'un des plus fameux [*] albums des Pink Floyd est réputé impossible à jouer sur scène. Sorti en 1973, il est construit sur des expérimentations sonores réalisées en studio, dont le groupe n'a pas pris note en faisant, si bien que pour le rejouer sur scène, Pink Floyd utilisait des bandes playback.

Après un long et fastidieux travail de recherche et de reconstitution, la compagnie Inouïe parvient à réaliser en direct sur scène ce que Pink Floyd n'a jamais pu faire. Il faut dire qu'à l'époque, il aurait fallu trois camions pour transporter les neuf tonnes d'équipement ! Les parties de synthèse sur séquenceur, autrefois très difficiles à réaliser sur scène, sont ici créées en direct, grâce à la technologie numérique et certains nouveaux outils analogiques.

Des Fender seventies sorties de nulle part, du scratch sur des vieux synthé à ressorts apparents, du 220 en distorsion sur les vieilles Cabasse, les réveils et la caisse enregistreuse de Money, tout y est, même les micros et les chaises sont d'époque ! J'ai apprécié la reconstitution historique, époustouflante, qui recrée les sons avec précision, non sans quelques improvisations, bienvenues, de la compagnie Inouïe.

Toute cette technicité démonstrative manque certes d'émotion, mais on découvre avec intérêt les gestes de recherche et les outils de création utilisés par Pink Floyd. Ce spectacle, qui se termine par une leçon pédagogique de Thierry Balasse, nous replonge dans l'ambiance extraordinairement créative du groupe : des touche-à-tout perfectionnistes, toujours à la recherche de nouveaux sons, qui expérimenterait avec les nouveaux instruments, avec des techniques encore rares pour l'époque.

J'ai ainsi appris quel était le secret du son si particulier d'Echoes, mon morceau préféré, avec sa note qui tinte comme un sonar : il est commencé au piano, amplifié au travers d'une « cabine Leslie » — un gros meuble qui m'intriguait sur scène, pourvu de haut-parleurs à diffusion rotative, qui produit un vibrato. Wow ! Espérons qu'à la prochaine écoute, je me laisse encore emporter, sans me préoccuper de décortiquer les sons entendus pour en deviner l'origine…

La compagnie Inouïe s'inscrit dans la démarche expérimentale des Pink Floyd et propose diverses pistes d'explorations musicales, dans lesquelles l'écoute demeure l'axe de recherche et de construction pour élaborer ses différents projets. À suivre !


Voir en ligne : http://inouie94.free.fr/INOUIE/La_F...

[*] L'album Dark side of the moon a été enregistré de juin 1972 à janvier 1973 aux studios Abbey Road, à Londres. Ce n'est pas mon album préféré — je lui préfère les précédents Atom Heart Mother et Meddle — mais c'est l'un des plus fameux des Pink Floyd : le disque représente l'une des meilleures ventes d'albums de tous les temps.