Je n’ai jamais été grand fan d’héroïc fantasy, mais il y a quand même quelques séries incontournables, telles que Bone ou "Donjon", que tout amateur de BD se doit de lire. L’amateur de cette saga aura cependant du s’armer de beaucoup de patience, car la fin du donjon aura été particulièrement longue à arriver. Après un tome 106, qui a mis près de trois ans à voir le jour, il aura en effet fallu attendre encore presque cinq ans avant de connaître la suite de cette série parallèle à "Donjon Zenith", qui se focalise sur l’après-donjon et retrace la fin du déclin amorcé dans la série mère.
Heureusement, cette patience est récompensée car la saga fait d’une pierre deux coups en proposant la parution simultanée de deux albums (Haut Septentrion – Tome 110 et La Fin du Donjon – Tome 111). De plus, ce bond en avant de quatre numéro marque la fin d’une époque en venant conclure ce « crépuscule » de la saga Donjon.
Terra Amata est toujours en mille morceaux, réduit à un ramassis d’îlots aux trajectoires imprévisibles, que l’Entité noire tente dorénavant de regrouper, tout en soumettant la population. Si l’explosion de la planète a donné un nouvel élan à cette série parallèle et a offert de nombreuses possibilités scénaristiques aux auteurs, il est maintenant temps d’offrir une conclusion aux nombreuses pistes ouvertes par le passé… et il fallait bien deux albums pour y parvenir.
En unissant toutes les forces présentes pour déjouer les plans de l’Entité noire, ce dénouement permet surtout de retrouver les nombreux personnages de la saga. Du Roi Poussière, qui est toujours prêt à mourir de façon héroïque, à Gilberto, qui ne rate pas une occasion pour fumer un joint, en passant par Herbert et son fils Papsukal, qui n’est plus vraiment maître de son corps, c’est toujours un véritable plaisir de retrouver les différents protagonistes de Donjon. Mais le rôle principal de ce tome est réservé à Marvin Rouge le lapin, qui nous sort tout d’abord un célèbre « TONGDEUM » du Roi Poussière, avant de s’emmêler légèrement les pinceaux avec Zakûtû, la fille d’Herbert. Sans oublier les fameux lapins xénophobes de Zautamauxime !
A l’inverse de leurs personnages, les auteurs ne manquent donc pas d’air en nous servant un scénario débordant de héros et rythmé par l’action et les scènes de combats. Cette surcharge scénaristique et ce rythme effréné n’offrent que très peu de moments de respiration et exigent peut-être un peu trop de concentration de la part de lecteurs encore en mode off après tant d’années. Mais, pas de pitié pour eux, le dernier wagon vient de démarrer à toute allure et il vaut mieux bien s’accrocher si l’on veut arriver à bon port car le tome 111, qui peut se lire en parallèle, est encore plus dense.
Au niveau des dessins, après Sfar, le duo Kerascoët (Marie Pommepuy et Sébastien Cosset) et Obion, c’est au tour d’Alfred d’adapter son style à celui de l’univers Donjon. Son graphisme sert parfaitement le récit et colle très bien à l’esprit de cette saga, le tout étant une nouvelle fois rehaussé par la colorisation experte de Walter, qui aura assuré l’unité graphique du début à la fin de cette saga.
Bref, un tome dynamique et particulièrement dense, qu’il est conseillé de lire en parallèle avec le tome 111, La Fin du Donjon.