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"Du fond du tiroir" de Narcisse Praz

Publié le 17 mars 2014 par Francisrichard @francisrichard

Hier, à l'Atelier 20, à Vevey, lors d'un brunch-vernissage, j'ai fait UNE rencontre, celle de Narcisse Praz, avec lequel j'ai noué, d'emblée, complicité et amitié.

Au-delà de ce qui nous sépare, il est anarchiste et libertaire, je suis libéral, peut-être même - qui sait? - libertarien, nous nous sommes découvert une prédilection commune en dehors de la liberté qui nous est chère à tous deux: la poésie. Mais, pas n'importe quelle poésie, la poésie dans les règles de l'art, librement consenties, qui contraignent à se surpasser et à ne pas tomber dans la facilité.

Depuis des lustres Narcisse Praz compose de tels poèmes. Ce sont rondeaux redoublés, sonnets, pantoums, villanelles et autres rondels. Comme en composaient les poètes de jadis et comme on n'en compose plus, préférant les vers libres qui n'ont la plupart du temps de vers que le nom, puisqu'il s'agit d'aligner de la prose verticalement, et qui ne sont pas si libres que ça, quoi qu'on dise.

Comme ses poèmes sont des poèmes "témoins d'anciens émois amoureux", que n'ont même pas toujours connus celles à qui ils étaient destinés, les publier revient comme il le dit dans un courriel à son éditeur à "faire montre d'une impudeur navrante", parce que conçus dans le secret de l'intimité et voués à n'être qu'"un plaisir solitaire narcissique".

Et je comprends, pour avoir une telle retenue quand il s'agit de mes pauvres vers, qu'il ait hésité à se livrer ainsi et que le faire lui soit apparu encore plus osé que publier oeuvre poétique après Villon, Rimbaud, Verlaine ou Baudelaire, ou encore après La Fontaine, qui fut comme il le pense, et comme je le pense, le plus grand de tous les poètes, inégalé à ce jour.

Parce que les poèmes d'amour sont intemporels, leurs destinataires n'ont pas d'âge ou, plutôt, sont éternellement jeunes. Aussi n'est-il pas étonnant que, n'ayant pas rencontré le poète avant de se mettre à l'ouvrage, la jeune femme, Jenay Loetscher, qui les a illustrés, n'ait dessiné que de toutes jeunes femmes, inspirées par les seuls textes.

Les quelques citations, qui suivent, donneront, j'espère envie de lire à voix basse, de relire à voix haute ou d'écouter lire par un autre ou une autre ces poèmes qui ne peuvent qu'enchanter par leur musique et les émotions qu'ils suscitent.

Francis Richard

Du fond du tiroir, Narcisse Praz, 72 pages, Helice Hélas

Quand tu ne m'aimeras plus,

Les saisons, déboussolées,

Fuiront leurs rêves reclus,

A jamais inconsolés.

(Quand... Lagrimozo, smorzando)

Mon secret, je le dis

A la rivière

Qui se fait d'infini

La mandataire.

Je le chante aux midis

Spectaculaires,

Aux lointains paradis

Qui nous espèrent.

(Délire Appassionato con fuoco)

Ton sourire est mon vin, tes larmes ma rosée.

Le feu de ton regard éblouit ma pensée.

Et je te fais parfum. Et ta chair est mon miel.

Mon poème, c'est toi, ma musique et mon ciel.

C'est mon problème.

Moi, je t'aime.

(Problème Andante, con forza)

Alouette, pivert,

Allez dire à ma mie

Que morne est le concert

Depuis qu'elle est partie.

(Allegro disperato Sotto voce)


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