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Eaux-fortes de Buenos Aires - Roberto Arlt ***

Publié le 17 mars 2014 par Philisine Cave
Éditorialiste argentin des années 1930, Roberto Arlt s'est fait le porte-parole des laissés-pour-compte de la société civile de Buenos-Aires. Tour à tour caustique, railleur ou moqueur voire intransigeant, il dresse une galerie spontanée de cette faune urbaine et présente les oisifs ou autres profiteurs, fouineurs, fourbes, homme bouchon ou femme de médecin !  Eaux-fortes de Buenos Aires - Roberto Arlt *** Se promenant dans les rues de cette capitale pluriculturelle, il décrit les ruelles et l'ambiance de cette grande ville, gamberge sur son métier de pigiste et contemple ses contemporains : il fustige les bourgeois et tente d'appréhender la classe laborieuse. Parfaitement rédigé, dans une langue moderne (malgré l'ancienneté des textes : c'est certainement lié à la traduction parfaite de Antonia Garcia Castro), Eaux-Fortes de Buenos Aires souffre uniquement du ton morose de son auteur. Dépeindre toujours la noirceur de la nature humaine a tendance à toucher au moral du lecteur, et ce malgré l'ironie assumée, le plaisir évident et la dextérité littéraire de ce grand essayiste et penseur argentin d'avant-guerre. C'est là son principal défaut. Car Roberto Arlt nous dispense une voix inhabituelle et des chroniques vraiment rafraîchissantes. L'ouvrage des éditions Asphalte comporte également des photos d'époque et un lexique succinct du vocabulaire arltien : quelle bonne idée !
pages 76 - 77 L'homme qui fait le mort, est-ce celui qui, après maintes réflexions, est arrivé à la conclusion que travailler ne vaut guère la peine ? Non. Ne fait le mort qui veut, mais qui peut, ce qui est très différent. Celui qui fait le mort a ça dans le sang.  À l'école, c'était le dernier à lever le doigt pour réciter sa leçon ou, s'il connaissait les manies de l'instituteur, il ne levait le doigt que lorsqu'il était sûr que celui-ci ne le désignerait pas en croyant qu'il savait sa leçon. Lorsqu'il était plus petit, il se faisait porter par sa mère, et si on voulait le faire marcher, il chialait comme s'il était très fatigué parce que, dans son entendement rudimentaire, il était plus pratique de se faire porter que de se porter soi-même.
pages 115 - 116 L'Homme bouchon, qui jamais ne s'enfonce, quels que soient les événements troubles auxquels il est mêlé, est le type le plus intéressant de la faune des enflures.  Peut-être le plus intelligent et le plus dangereux.(...) Bien, quand un malandrin de cette espèce ou de n'importe quelle autre espèce vous dit que « son nom et son honneur n'ont pas été affectés par le procès », mettez vos mains dans vos poches et ouvrez grand les yeux, autrement vous pourriez le regretter. Déjà à l'école, il était un de ces élèves sournois, faux sourire, bien appliqué, et qui, quand il s'agissait de jeter un caillou, le refilait au camarade.   Traduction de Antonia Garcia Castro Rentrée d'hiver 2014Éditions Asphalte (201 pages)
Rentrée littéraire janvier 2014
et un de plus pour le challenge de Valérie

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