La notion d’identité s’inscrit traditionnellement dans un héritage complexe, où la famille, la nation ou encore l’école comptent parmi les éléments contribuant à la structuration du « moi ». Entre temps, la mondialisation a favorisé une politique d’acculturation, permettant à chacun d’accéder à la libération historique des déterminismes. Ainsi, un individu serait dès le plus jeune âge à même de choisir qui il est, sans que ne lui soit fixée aucune limite puisque cela entraverait les exigences infinies de sa personnalité.
Alain Finkielkraut s’interroge non seulement sur le bien-fondé de ce progrès mais aussi sur la valeur de l’identité lorsqu’elle est détachée d’un tout, national et historique, qui encadre l’individu dans la construction de son être-au-monde. Il estime plutôt que l’indifférenciation est la conséquence fatale de ce laisser-faire, dérive libérale des systèmes éducatifs, qui conduirait inéluctablement l’individu à se croire unique alors qu’au bout du compte, il risquerait de n’être personne. Alain Finkielkraut récuse donc l’idée que la liberté authentique puisse s’accomplir dans la nouvelle humanité qui se profile. Désolidarisée de son histoire nationale, elle n’aurait à terme plus aucune perception de l’avenir: elle vivrait alors dans un éternel présent, sans aucune conscience des conséquences de ses actes.
David Jarousseau