Les effets de la RFID sur l’individu ne sont pas encore connus mais les applications directes sur le patient et son environnement peuvent améliorer l’expérience des soins hospitaliers.
Lors de la conférence-débat organisée par Télécom ParisTech autour du sujet « La RFID à l’épreuve de l’innovation responsable », des intervenants de tous milieux se sont réunis pour réfléchir ensemble à une responsabilisation de l’innovation. Guillaume Sacco, médecin et membre du Centre d’Innovation et d’Usages en Santé au CHU de Nice revient sur l’évaluation des risques et bénéfices de la RFID et son application directe sur les patients.
L'Atelier : Lors de la table ronde, vous avez évoqué la relation risques/bénéfices de la RFID. Pensez-vous qu’il y ait plus de risques que de bénéfices de la RFID dans le domaine de la santé ?
Guillaume Sacco : Dans la mesure où il y a une inconnue dans la balance, il est difficile de se prononcer. En effet, l’évaluation de la balance bénéfices/risque nécessite de connaître les risques, or le problème actuel, c’est qu’il n’y a pas d’identification précise du risque. Cela est certainement dû à un manque de recul sur l’impact au long cours des technologies. Néanmoins il faut tenir compte de la notion d’utilisation sur le patient et des applications proches de lui et dans son environnement.
Peut-être qu’aujourd’hui, la RFID ou les antennes au contact proche du patient ne permettent pas de percevoir de réels bénéfices dans la mesure où les risques restent inconnus. Par contre dans l’environnement du patient et dans tout ce qui concerne la structuration et la rationalisation de l’activité de soi, tout cela a un impact direct sur le patient. Par exemple, un patient qui attend moins longtemps dans les couloirs, ou à qui on donne le bon médicament au bon moment, est un patient qui voit la qualité de ses soins amélioré. Je pense ainsi que toutes ces applications indirectes, qui ne sont pas directement posées sur le patient, peuvent être intéressantes.
Selon vous, quelles seraient les opportunités de la RFID sur le patient ?
Il existe encore un grand champ d’applications qui n’est pas maîtrisé. J’ai évoqué la traçabilité des produits sanguins ou du stockage des échantillons, mais il y a aussi d’autres exemples. En ce qui concerne les sondes d’intubation au bloc opératoire, la RFID permettrait de bien positionner ces sondes et d’éviter les sondes sélectives.
De même, de nombreuses études ont été faites pour compter les compresses ou le matériel et éviter qu’ils se perdent à l’intérieur d’un patient qu’on opère. Un temps non négligeable est donc perdu en fin d’opération pour s’assurer que toutes les compresses sont bien en dehors du patient. S’il existait des compresses taguées avec des tags passifs RFID et que les poubelles étaient dotées d’antennes, cela permettrait de compter automatiquement les compresses jetées et ainsi gagner du temps, ce qui raccourcirait le temps opératoire.
Pensez vous qu’il y existe des alternatives à la RFID ou est-ce quelque chose d’indispensable aujourd’hui ?
Effectivement, il existe des alternatives à la RFID dans la traçabilité, avec des systèmes actuellement utilisés tels que le système de codes barres. Ce sont des systèmes beaucoup moins chers et plus économiques. Il est vrai qu’aujourd’hui, le principal frein à l’utilisation de la RFID est le prix élevé de cette technologie. Un tag RFID est 30 à 100 fois plus cher, en fonction du type de tag utilisé (actif ou passif), qu’un système de code barres ou de transmission WiFi. La RFID n’est pas une solution absolue mais elle peut être utilisée de façon complémentaire avec d’autres technologies. Il faut savoir intégrer les choses. Tout ne passe pas par la RFID, comme tout ne passe pas par le GSM ou le WiFi. Il faut savoir intégrer ces différentes technologies et connaître le juste milieu.