OBJECTIF : EUROPA LEAGUE!
Peu appétissante et considérée comme un fardeau il y a encore quelques semaines, l’Europa League est subitement (et étrangement) devenue un objectif déclaré de l’AC Milan. Mercredi Galliani s’est rendu compte que Milan était éliminé de la Champions League et risquait sérieusement de rester une saison (ou plus) hors de l’Europe. Un comble pour une société qui veut avoir l’image d’un club international.
La poursuite de l’objectif n’aura duré que quelques jours. Le temps que Parme de Schelotto et Cassano – qui semblaient être Cristiano Ronaldo et Messi face à la défense ridicule milanaise (Emanuelson et Mexès pires que tout) – vienne définitivement enfoncer Milan.
L’équipe de Seedorf devait récupérer 8 points en 11 matches et affrontait une équipe de Parme en grande forme. Invaincue depuis 15 matches (8 victoires et 7 nuls), la formation entrainée par Donadoni était celle qui avait obtenu le plus de point durant cette période (juste derrière la Juve) et occupait la précieuse 6° place du classement.
Malheureusement Milan n’a même pas eu le temps de disputer le match comme il avait été préparé que l’équipe s’est retrouvé menée et en infériorité numérique. C’était la dernière chance pour Milan de rester européen…
LE PIRE MILAN DEPUIS 30 ANS
Ce ne sera pas le cas et ce n’était plus arrivé depuis 1998. Milan vit sa crise la plus grave depuis presque 30 ans. Les Rossoneri n’ont jamais été si loin de la tête du classement durant l’ère Berlusconi, l’effectif n’a jamais été aussi médiocre, rempli de joueurs gratuits, de déchets, de joueurs pas concernés par la situation du club et indignes de porter ce maillot.
La contestation annoncée des tifosi visait principalement ces joueurs… et celui qui les a engagé. Elle a débuté le matin et s’est poursuivie durant la rencontre : la Curva a entonné des chants en faveur de Kakà, Montolivo, Bonera, Poli, De Jong, Abate, De Sciglio, Abbiati, Pazzini et Seedorf. Les chants ont été suivis de « Tous les autres, dehors! » (en plus vulgaire…). Ces joueurs en ont tous eu pour leur grade, en particulier Balotelli, Robinho… et même Raiola! Sans oublier évidemment Galliani. La contestation a continué après le match… le résultat n’a pas non plus aidé à calmer les esprits.
Une délégation de Milan composée de Kakà, Bonera, Balotelli, Abate et Seedorf a rencontré les principaux responsables de la Curva Sud. Les tifosi ont reproché le grand nombre de joueurs pas attaché au maillot de Milan et qui ne comprennent pas ce que cela représente. Ils ont aussi fait comprendre à Balotelli qu’il est le meilleur joueur et qu’ils en attendent beaucoup plus de sa part. Ensuite Seedorf leur a annoncé que la saison prochaine sera très différente et les joueurs ont promis de tenter de solidifier le groupe pour terminer au mieux la saison. On verra déjà face à Lazio et Fiorentina, tous deux en déplacement…
La saison se résume en une longue agonie. Le changement d’entraineur n’a pas porté ses fruits. Les chiffres de la gestion Seedorf sont pires que ceux d’Allegri (« ça ne peut pas être pire… » que je lisais). Sa 4° défaite consécutive est la 7° en 12 matches (4 victoires et 1 match nul), avec 11 buts inscrits et 19 encaissés : élimination de la Champions League, de la Coupe d’Italie et plus aucun objectif en championnat.
Bien qu’il ait hérité d’une situation difficile et d’un effectif problématique, il ne rate pas une occasion d’exhiber toute son inexpérience, entre choix de formations et certains changements peu compréhensibles. Malgré cela, il ne connait pas le terme « autocritique » et n’assume pas ses responsabilités en préférant continuer à les rejeter sur son prédécesseur (qui a évidemment des responsabilités) : un manque de style et d’élégance déplorable et très inhabituel entre « collègues » entraineurs (qui en général se soutiennent). Il était évident que Seedorf avait besoin de temps pour apprendre son nouveau métier mais tout le monde s’attendait à moins de difficultés. Deux mois sont passés : a-t-il appris quelque chose du métier d’entraineur?
RÉVOLUTION ANNONCÉE
Malgré ce bilan catastrophique et quelques doutes sur ses qualités d’entraineur, Seedorf ne se sent absolument pas menacé, contrairement aux joueurs qui doivent mériter leur place. Il a probablement eu la promesse de ne pas être jugé peu importe les résultats lors de cette demi saison alors qu’il est à la tête d’un groupe qu’il n’a pas construit et dont il a hérité dans des conditions indécentes (en plus d’être protégé par un gros contrat… et par Berlusconi). Pour se défendre, il a lui même expliqué que sa mission commencera réellement cet été. Les 10 derniers matches permettront de mieux comprendre quels joueurs méritent de porter ce maillot et faire partie du projet.
Pour calmer la colère des tifosi qui ne supportent plus de voir ce Milan, Seedorf n’a pu cacher ses ambitions et celles du club : il a annoncé la révolution en été et la construction d’une équipe compétitive pour la saison prochaine : « La saison prochaine, on démarrera un projet qui vise à ramener Milan au sommet. Maintenant l’objectif est de terminer au mieux le championnat actuel. Ensuite on reconstruira avec intelligence une équipe compétitive. Il faudra acheter des joueurs qui correspondent à la philosophie et au projet. Mais on verra cela à la fin de la saison. » Des déclarations extrêmement importantes et significatives qui vont dans le même sens que Lady B et les tifosi.
Avant de remettre de l’ordre dans l’effectif, il sera primordial de régler les problèmes internes de l’AC Milan. Anciennement maitre en matière de communication et de gestion, le club est actuellement désorganisé, sans directeur sportif et avec des rôles peu clairs, notamment celui de Galliani ou celui de B. Berlusconi, qui après avoir souligné la mauvaise gestion, s’est réfugiée dans le silence car son père le lui a demandé. Cette situation se répercute à tous les niveaux. Milan est une véritable poudrière. Soutenu par les Berlusconi, Seedorf veut construire lui-même son équipe sans laisser Galliani réaliser son habituel mercato. Contesté par les tifosi et fragilisé en interne, que fera-t-il?
Ce n’est pas tout car les joueurs eux même sont divisés. Les professionnels qui tiennent à Milan ne supportent pas l’attitude de ceux qui ne se sentent pas concernés. Une chose est sure : cet été il y aura de nombreux départs, avant tout sur base du comportement des joueurs, afin de faire place à un groupe sain et travailleur. Si Seedorf parle avec autant de certitude, c’est qu’il a les garanties de Berlusconi. A moins que lui aussi ait été roulé dans la farine?