L'Autorité de Sécurité Nucléaire (ASN) accuse EDF qui gère la centrale de Nogent-sur-Seine de ne pas respecter ses obligations concernant la sécurité de la centrale. Et elle vient de lui envoyer une lettre de mise en demeure. ¤¤ La centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube)
La catastrophe de Fukushima, qui pour tous nos bons experts ne pouvait pas arriver, a obligé les instances nucléaires officielles à revoir les exigences en termes de sûreté et de sécurité, et à imposer aux opérateurs des centrales des contrôles obligatoires.
Ainsi, en France, un arrêté du 7 février 2012 a été publié pour encadrer les mesures qui doivent être prises par l'exploitant d'une centrale nucléaire afin d'"identifier les écarts par rapport aux exigences de conception, de réalisation et d'exploitation qui s'appliquent à cette installation ; d'évaluer les conséquences potentielles de ces écarts sur la sûreté et la protection des travailleurs, du public et de l'environnement contre les effets néfastes de la radioactivité ; de définir les actions curatives, préventives et correctives adaptées, et de vérifier leur exécution et en mesurer l'efficacité ".
Dans le cadre de sa mission, l'ASN a procédé le 18 novembre 2011 à une inspection de la centrale de Nogent-sur-Seine dont les deux réacteurs d'une puissance de 1300 mégawatts ont été mis en service en 1988 et 1989. Et elle a signalé à EDF, l'exploitant de cette centrale, que l'organisation du site pour la gestion des écarts devait être améliorée. En réponse, EDF s'était alors engagée à renforcer son organisation.
Mais lors d'une nouvelle inspection menée par l'ASN le 26 novembre 2013, soit deux années plus tard, l'ASN a constaté que l'organisation mise en place par la centrale de Nogent-sur-Seine pour traiter les écarts ne permettait toujours pas de satisfaire l'ensemble des dispositions réglementaires. Ainsi, précise l'ASN, alors que ces insuffisances en termes de sécurité avaient déjà été mises en évidence à plusieurs reprises depuis 2011 lors d'inspections, lors des contrôles menés par l'ASN pendant les arrêts pour maintenance des installations, et lors des analyses d'événements significatifs déclarés par l'exploitant de cette centrale nucléaire ; et fait plusieurs fois l'objet d'alertes, notamment les 12 septembre 2012, le 21 novembre 2012, le 20 mars 2013, et le 4 juin 2013, sur la persistance des insuffisances du processus de gestion des écarts, EDF n'a pas été en mesure de présenter une liste consolidée des écarts que présente cette centrale nucléaire, ni une évaluation systématique de leur impact sur sa sûreté.
L'ASN considère tout bonnement que la centrale de Nogent-sur-Seine " ne dispose pas d'un processus formalisé et décrivant, de façon systématique et opérationnelle, la gestion des écarts de conformité que présentent les installations du site ".
En clair EDF se moque complètement de la réglementation et des exigences de l'ASN, avec toutes les conséquences potentielles pour la sécurité de la centrale de Nogent-sur-Seine, située à seulement 100 km la région parisienne et dont le refroidissement des réacteurs est assuré par l'eau de la Seine qui alimente Paris.
L'ASN en est donc venue à adresser à la direction de la centrale, le 27 janvier 2014, une mise en demeure de respecter ses obligations.
Une telle situation est tout simplement incroyable, et en dit long sur le sentiment d'impunité d'EDF qui joue avec la sécurité et la santé de la population, notamment celle qui vit dans les départements de l'Aube, de l'Yonne, de la Marne, de la Seine-et-Marne et de toute la région parisienne, et qui serait la première touchée par la radioactivité en cas d'accident survenant dans la centrale de Nogent-sur-seine.
Hervé de Malières
Lire la lettre de l'ASN à EDF Nogent suite à l'inspection du 27 janvier 2014