« Qu’est-ce que je sais vraiment ? » Try again !
Il est parfois un métier difficile en télévision, celui de (sur)vendre son programme pour attirer le maximum de téléspectateurs devant sa télévision. Entre promesses de nouveauté, d’interactivité, d’émotion, j’en passe et des meilleurs, nous avons le plus souvent à faire à des logorrhées peu inspirées qui d’un programme à l’autre ne nécessite aucune retouche éditoriale. Une preuve de plus avec le nouveau jeu de M6, « Qu’est-ce que je sais vraiment ? » et son interactivité inédite.
En quelques mots, de quoi s’agit-il ? Une soirée de quiz autour de six sessions de dix questions à chaque manche. Trois cent étudiants dans les gradins qui s’affrontent, quatre célébrités / capitaines pour un duel final entre le meilleur étudiant vs la meilleure célébrité. Jusque là, rien qui puisse définitivement ébouriffer le spectre de téléspectateurs devant son poste, qu’il s’agisse des plus jeunes aux moins jeunes du genre.
Mais là où la chaîne a voulu frapper un grand coup, c’est en proposant au public, de jouer en synchro avec le déroulement de l’émission. Imaginez plutôt, tranquillement installé dans votre canapé, ordinateur / tablette / smartphone (rayez les mentions inutiles) devant vous, vous jouez en direct au quiz, répondez en parallèle des candidats, disposez des mêmes conditions de jeu et au final, pouvez partager votre score et voir qui des hommes ou des femmes ayant utilisé l’application sont les meilleurs du soir.
Voyons le positif dans ce scénario, le téléspectateur est amené à agir dans une expérience interactive légère, à savoir répondre à des QCM. C’est un dispositif salutaire de la chaîne et au delà des soucis techniques rencontrés pendant la soirée, il est à noter que l’application a connu un très grand succès avec pas moins de 500 000 joueurs (!). Ce succès montre ainsi que le public paraît mature pour ce genre d’interaction.
Néanmoins, ne reste-t-on pas légitimement sur notre faim face à ce dispositif, qui dans un cadre ultra restrictif n’a proposé au final qu’un reflet de la télévision sur le second écran ? Au final, on ne propose pas une nouvelle expérience, on change simplement le curseur du public de 100 % passif à 50 % actif (on reste toujours dans son canapé tout de même) mais tout ceci autour d’un scénario similaire à la télévision.
Le second écran et la social TV ne doivent selon moi pas amener ce genre d’expérience au public mais plutôt un tremplin vers quelque chose qui réponde à l’écran principal, qui le nourrisse et inversement. Un live tweet repris à l’antenne et amenant à des réactions en plateau me paraît beaucoup plus jouer de ce principe. Ici, on duplique, on démultiplie, mais l’on ne rebondit pas.
La chaîne a sans doute apprécié l’expérience à la vue du retour quantitatif de l’interaction mais au niveau qualitatif, rien de nouveau à l’horizon, d’autant plus quand l’émission hôte de ce service est enregistrée.
On comprend (et l’on voit des exemples quotidiens de cette attitude) la frilosité encore palpable des diffuseurs face à ces enjeux et ces nouveaux comportements, mais il faut véritablement se rendre compte que pour l’heure, les efforts sont louables sans être suffisants. L’écran est froid, il intéresse de moins en moins de monde, les technologies sont à présent assez matures elles et le public adhère en masse à la moindre proposition. Les voyants sont au vert, il n’est plus question de paraître mais d’être.
Ci-après, extraits de l’émission avec les explications de l’interactivité présente dans l’émission où quand on survend une fois encore une émission et un dispositif numérique avec un discours éculé et des interlocuteurs visiblement pas plus au fait que cela de l’expérience. >> ICI
EN DIRECT DE LA SOCIAL TV M6 Réflexion 2014-03-17 jotbou Partager !