« Wide Awake » (ou « complètement réveillé »), c’est le petit nom donné par ces scientifiques de la Johns Hopkins Medicine au gène qu’ils viennent d’identifier, un gène qui incite… les mouches à fruits à aller dormir. Mais muté, ce gène va en quelque sorte saboter l’influence de l’horloge biologique sur le sommeil, alors que sa copie normale favorise le sommeil au début de la nuit. Ces conclusions, publiées dans l’édition du 13 mars de la revue Neuron, révèlent une nouvelle cible prometteuse pour lutter contre l’insomnie. Car ce gène existe chez l’Homme aussi.
Nous savons que le temps de sommeil est régulé par l’horloge biologique interne de l’organisme, mais comment, n’est pas tout à fait clair, explique le Dr Mark N. Wu, professeur adjoint de neurologie, médecine, médecine génétique et neurosciences à l’École de médecine de l’Université Johns Hopkins. « Nous venons de découvrir la première protéine jamais qui convertit les données de l’horloge circadienne en instructions pour réguler le sommeil ».
Les chercheurs ont mené des milliers d’expériences sur des milliers de mouches, ayant des profils génétiques différents, des mutations différentes et des « habitudes » de sommeil différentes, pour identifier Wide Awake. Le gène muté était présent chez un groupe de mouches qui avait du mal à s’endormir le soir –écrivent les auteurs-, en bref, un comportement qui ressemblait fort à l’insomnie chez l’Homme. Après avoir isolé le gène, l’équipe a pu constater que son expression normale permet , en aval du gène Clock bien connu, d’arrêter les neurones d’horloge du cerveau qui contrôlent l’excitation en les rendant plus sensibles aux signaux du neurotransmetteur inhibiteur appelé GABA. Wake effectue cette fonction précisément en début de soirée afin de favoriser le sommeil au bon moment. Les mouches avec Wake muté ne pouvaient pas trouver le sommeil par manque de signaux GABA.
Les chercheurs ont ensuite découvert le même gène chez les humains, les souris, les lapins, les poules et même les vers.
Chez la souris, Wake est situé dans noyau suprachiasmatique, le site de l’horloge maître chez les mammifères. Ils font d’ores et déjà l’hypothèse que la protéine pourrait entraîner le même effet chez l’Homme. C’est donc une nouvelle cible d’intervention prometteuse pour traiter l’insomnie.
Source: NeuronMarch 13, 2014 10.1016/j.neuron.2014.01.040WIDE AWAKE Mediates the Circadian Timing of Sleep Onset
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