Magazine Beaux Arts
Rendez-vous #16 pour une session en tête à tête avec Carole Chotard, photographe.
"On the run" 16 décembre 2013 - © Carole Chotard
La rencontre a lieu dans une bulle feutrée, suspendue entre l'agitation de la rue et les fauteuils moelleux. En face de moi, Carole, grande et brune, presqu'aphone en ce jour d'entretien, un signe ?
Pendant un très long moment, Carole s'est exprimée avec les mots, ceux qu'on écrit, qu'on assemble patiemment, qu'on efface, qu'on reprend, et qui révèlent.
Depuis 4 ans, elle s'est fait violence et s'est emparée de la Photographie comme nouveau moyen de dire. Peu à peu les mots se sont taris au profit des images.
"Aux coques" 31 juillet 2011 - © Carole Chotard
Carole livre qu'elle en est toujours au stade de l'acquisition des connaissances en photographie, qu'elle évolue par stade, qu'elle expérimente les différentes techniques mais qu'elle est toujours en recherche de "sa patte", d'elle-même. Et ce n'est pas par hasard : elle entame sa troisième année avec son projet "365 jours par an" où elle publie une photo par jour.
Ce projet est comme une psychanalyse qui lui permet de voir le temps passer, de poser les choses dans le temps et de laisser une trace des petits moments quotidiens.
Pour elle, la Photographie est une auto-analyse et une interrogation mentale.
Peu à peu elle se détourne de l'Humain, et remet en question ses déclenchements : "comment rendre ce moment intéressant ?".
"Je suis une machine à absorber, je sais faire mais je n'ai encore rien produit ; les choses que j'ai à dire sortent en mots, pas en photo. Je voudrais que les clichés puissent devenir un support aux mots".
L'inspiration photographique initiale lui vient de son père et plus précisément de deux albums remplis de clichés datant de la guerre d'Algérie. Un témoignage unique en noir et blanc qu'elle a toujours connu et qu'elle aime à reprendre, questionner, comprendre.
Carole, justement... les mots :
**Le Père.
***Je voudrais que tu te laisses aller à la détente et que tu t'immerges dans un souvenir heureux.Quel était ce souvenir ? "Une promenade à Paris avec mon neveu. A un moment il m'a pris dans ses bras et m'a serré fort en me disant je t'aime. J'étais tellement émue".