Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais
J'ai baptisé mon catalogue sonore d'incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient de l'avoir déjà fait ici trop souvent. Ils sont tous les 4 mémorables pour moi en ce sens qu'Ils ont tous les 4 changé ma vie à leur façon. Ces quatre disques sont dans mon ADN, j'en connais chaque son, chaque accord, et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits continuellement nouveaux même si les notes restent inchangées. Ils atterrissent tout simplement à des lieux différents selon la météo mentale et physique des saisons.Blonde" pour Blonde on Blonde de Bob Dylan.
"Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop."Bassesse" pour Low de David Bowie.
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2.
Par ordre de création.
Blonde et idiote bassesse inoubliable c'est aussi B.I.B.I. c'est à dire moi.
C'est aussi la terminaison du mot habibi qui, en dialecete irakien veut dire Mon amour.
Blonde et idiote bassesse inoubliable c'est également parce que ça pourrait évoquer une maîtresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.
Ce que le musique est très souvent.
Quand elle reste inoubliable pour les bonnes raisons.
VAUXHALL & I de MORRISSEY
1994.
L'amoureuse vient me rejoindre dans le 514 après deux ans de fréquentations 418/514. C'est le début d'une grande aventure dont le courant ne cesse de fairer vibrer mes cellules.
Trois ans avant, entre l'Angleterre et l'Irlande, où Morrissey élira éventuellement domicile, se forgeait la sainte trinité qui allait réinventer le son de l'ancien chanteur de The Smiths. Ou du moins, donner une direction au style dissipé du chanteur de Lancashire.
Boz Boorer avait retravaillé du Bowie par le passé, il ne pouvait pas être un guitariste inintéressant.
Alain Whyte allait écrire des morceaux pour Rihanna, les Black Eyed Peas, Madonna, Chris Brown et surtout pour Morrissey dans le futur.
Moz était Moz. Cet immature éternel adulescent porté sur la rancoeur. Toujours à cheval entre le spleen et la morsure donnée ou reçue. Morrissey c'était la voix d'un band qui avait bercé mon adolescence, dont le spleen me berce encore parfois dans la complaisance.
Les deux premiers allaient être des aventures musicales de Morrissey, tous deux à la guitare et à la co-composition des morceaux dès 1991. En 1994, on se partagerait l'album en entier. Le meilleur et le plus équilibré à mon avis de la part du grand déséquilibré sentimental qu'est Stephen Patrick Morrissey. Boorer en composerait 5 et Whyte 6. Steve Lillywhite, qui avait fait des bijoux à la production pour les Psychedelics Furs, Peter Gabriel, Big Country, U2, les Stones, Talking Heads, The Pogues et repêché de l'époque de The Smiths où il avait produit le mix d'un seul morceau allait fignoler avec Vauxhall & I un véritable trésor dont mes oreilles lui seront éternellement redevables.
Il y a de ces albums qui frisent la perfection des accords. En voilà un pour moi.
Un album qui allait aussi sceller une relation amoureuse pour toujours entre une belle brune et moi.
Boz Boorer est l'auteur du premier morceau, une pièce qui évoque quatre protagonistes de Brighton Rock (Dallow, Spicer, Pinkie, Cubitt), roman de 1938 de Graham Greene. Ce morceau me rappelle toujours l'aube (autour de la deuxième minute), ce qui en fait un morceau d'ouverture parfait. Je chantais le titre de ce morceau à l'amoureuse quand elle a quitté son confort familial pour venir me joindre à Montréal. Je lui chante encore.
Le second morceau est aussi de Boorer qui distortionne sa guitare agréablement derrière. On entend dans la chanson un montage de dialogues tirés du documentaire de 1959 de Karel Reisz, We Are The Lambeth Boys sur la jeunesse londonnienne des années 50.
Billy Budd est probablement le morceau que j'apprécie le moins de cet album. Dommage car c'est l'introduction d'Alain Whyte, dommage aussi car Whyte signe également (à mon avis) le meilleur morceau de Vauxhall & I . La dernière ligne est arrachée au film de David Lean, Oliver Twist, et le titre de la chanson est aussi emprunté à un roman d'Herman Melville.
Alain Whyte signe la ballade qui suit, une pièce qui est un plaidoyer sur la fidélité entre amis. Un titre qui me va bien depuis mon adolescence. Cette chanson est ce qui ressemble le plus à du The Smtihs et aurait pu être créée en 1984 autant que 10 ans plus tard. Autant qu'hier ou demain. Intemporelle.
Boz Boorer signe la pièce suivante qui fût le premier single à avoir été lancé avant même la sortie de l'album. La table est mise pour le coup de coeur de l'album: le morceau qui suivra.
Alain Whyte est l'auteur de l'extraordinaire pièce qui suit. TOUT sur ce morceau me donne des frissons. La batterie coup de poing qui ouvre la pièce, l'acoustique, les jeux de voix en sourdine entre Moz, Boorer et Whyte, les chutes musicales, l'hostilité des propos, la blessure ouverte de l'ancien chanteur de The Smiths qui règle ses comptes auprès de certains gens de la business. Vers 2:18 j'ai toujours TOUJOURS la chair de poule, parfois des larmes montent sans toutefois terminer leur tentative d'expulsion de mes yeux. L'amoureuse et moi la chantons de bout en bout et la chanson est encore plus jolie sa voix mêlée à la mienne. Cette chanson est ma préférée de Morrissey en solo.
(...)
Celle-là et toutes les autres entre 1988 et 2014.
Alan Whyte signe aussi la suivante. Whyte a bien étudié son The Smtihs.
Boorer signe ensuite une merveilleuse pièce sur laquelle Morrissey a couché un texte d'une violence inouïe. Le jeu vocal de Moz est assez splendide là-dessus. Please don't worry, they'll be no fuss, she was nobody's nothing. Voilà une ligne d'une cruauté rare. Et pourtant la mélodie est remarquablement jolie.
Le morceau suivant a été composé par Whyte et me rappelle toujours un autre groupe que j'aime beaucoup, d'Irlande, (c'est le jour non?) The Waterboys.
Whyte avait envie de son morceau de plage lui aussi. Très jolie pièce du puzzle Vauxhall & I.
Boz Boorer ferme l'album qu'il avait aussi ouvert avec un morceau qui dès la 15ème seconde évoque à la fois une violente scie électrique et une moto filant sur l'autoroute à vive allure. Les guitares distortionnées derrière sont un rappel du premier morceau qui les utilisaient aussi. La batterie qui clôturent l'album sont comme une porte qu'on aurait refermé après en avoir trop dit.
Morrissey, Whyte et Boorer travailleront ensemble encore longtemps par la suite.
Association fortuite pour mes oreilles ravies.
Pour amateurs de The Smiths, mélancoliques, buveurs de limonades épicées, amateurs de mélodies simples et accessible, pour adulescent un pied dans le spleen et l'autre dans la gueule d'autrui.