Vous nous direz, le Mont Fuji sous la neige, rien de bien étonnant avec ces 3776 mètres d'altitude... nous, on vous répondra cependant qu'avec les "tempêtes de neige" qui ont sévi au mois de février au Japon, aller admirer ce symbole du pays relevait davantage du parcours du combattant.
Notre projet initial était d'aller se relaxer quelques jours dans la région des FujiGoKo avec ses lacs magnifiques et la montagne qui s'y reflète dedans. Malheureusement, avec les voies de transports coupées, impossible d'y accèder. Nous avons ainsi trouvé refuge à Hakone Yumoto ( et non sans difficultés ! une journée entière de voyage et de longues attentes pour parcourir une soixantaine de kilomètres). Et malgré les heures de détente et de paresse dans les fabuleux onsens, nous mourions d'envie de nous balader dans la nature et de nous approcher du stratovolcan. Seulement voilà, l'office du tourisme nous conseillait seulement de reprendre le train et de l'admirer depuis la vitre de notre wagon, ce que nous avions déjà fait à l'aller. Devant nos mines déçues, la petite dame derrière son bureau (qui, nous devons bien l'avouer en avait un peu marre de nous voir faire des allers-retours) nous avoue enfin que la route est dégagée et accessible uniquement en taxi mais que cela nous coutera assez cher. Nous, on avait bien remarqué que la route était dégagée ! Et on commençait à être un peu agacés que la vie soit bloquée car de la neige était tombée une semaine auparavant. D'autant que le ciel était d'un bleu magnifique, le temps idéal pour un mois de février !
Et c'est près du lac Ashi que notre chauffeur nous a déposé. Le déplacement en valait vraiment la peine ! Ici, on aurait dit que le temps s'était arrêté. Les rues étaient désertes ; il n'y avait que nous, le lac, la neige et le mont Fuji au loin. Le village était encadré par les traditionnelles portes oranges qui tranchaient avec le blanc du paysage. Quelques centaines de mètres plus loin, nous tombons sur un monastère ( ou du moins, on imagine que c'est un monastère), un peu sur les hauteurs de la ville. Ici, pas de touriste, seulement quelques locaux qui déblaient la neige devant chez eux. C'est vrai que dans les champs, il y en a beaucoup. Mais nous, on se demande comment des intempéries comme celle-ci peuvent à ce point geler une région. Nous croisons d'ailleurs un journaliste local, tout étonné de nous voir ici et très interessé par notre témoignage. On lui affirme que dans les Alpes, il tombe autant de neige et que les gens continuent de rouler. Il n'en croit pas ses yeux !
En tout cas, nous sommes ravis d'avoir bravé cet épisode météorologique. L'eau du lac, si calme est reposante et on imagine le monde qu'il doit y avoir en pleine saison ( le tourisme est plus développé au printemps, notamment pour les magnifiques cerisiers en fleurs), car des croisières sont organisées ici.
Par contre, il faut penser à rentrer car la nuit tombe vite ici et dans ce village quasi-désertique, trouver un taxi relève de l'exploit. On se poste donc au bord de la route, les pieds gelés, en espérant ne pas devoir attendre trop longtemps. On tombe finalement sur LE chauffeur de l'année ! Un monsieur très sympa, à mi-chemin entre le croque-mort et le vampire qui a su donner de sa personne ... car nous voulions prendre une photo de haut, afin d'avoir une belle vue sur le lac et le mont. C'est donc à base de "last chance" et de détours que notre petit monsieur s'est lui même laissé aller à descendre de son véhicule pour escalader la neige afin de nous montrer les meilleurs points de vue.