Brice Hortefeux état l’invité du Grand Journal de Canal +. Cet ancien ministre s’était illustré en septembre 2009 au cours de l’Université d’été de l’UMP. Il y avait déclaré devant un jeune militant d’origine arabe : « Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes ». Condamné en première instance à une peine de 750 euros d'amende et 2 000 euros de dommages et intérêts,il avait été mis hors de cause en appel. En réalité, il n’avait évité une condamnation que parce que les juges avaient estimé irrecevable la constitution de partie civile du MRAP et considéré que les propos en cause n’étaient pas publics.
J’ai sans doute tort mais je ne pense pas que, parce que réservée aux militants, l’Université d’été de l’UMP serait un lieu privé. Avec ce genre de raisonnement, on pourrait estimer que le métro est lui aussi un lieu privé, n’étant accessible qu’à ceux qui ont acquis un ticket. Quoi qu’il en soit, Brice Hortefeux a tôt fait de se considérer innocent. Il néglige les précisions apportées par la Cour, laquelle retient que, sur le fond, les propos sont « méprisants et outrageants » et témoignent d'un « manque évident de culture »
Mais revenons au Grand Journal. Pour être plus animée, l’émission réunit le plus souvent deux intervenants d’opinions opposées. L’autre soir, le fort civil Brice a refusé de débattre avec Edwy Plenel et attendu que celui-ci quitte le plateau avant d’y pénétrer à son tour. Je suppose que cet élégant ancien ministre jugeait impossible pour lui de siéger à côté d’un journaliste qu’il tient pour un redoutable gauchiste, capable de forger force inventions propres à salir la droite. Le seul résultat de cette attitude est qu’il a laissé supposer qu’il ne se sentait pas de taille à réfuter les arguments de son adversaire.
J’ai été choqué par la réaction de Canal +. Il n’est pas donné à tout le monde de se voir offrir la tribune que constitue Le Grand Journal et, jusqu’à preuve du contraire, c’est encore les animateurs de l’émission qui décident d’inviter tel ou tel. Si Monsieur Hortefeux ne voulait pas affronter Edwy Plenel, il n’avait qu’à décliner l’invitation. Je suis scandalisé par le fait qu’on ait ainsi cédé aux exigences de l’ancien ministre. Et s’il était trop tard pour lui substituer un remplaçant, on pouvait céder son temps de parole au cofondateur de Médiapart pour qu’il développe plus complètement sa position.
En l’absence de contradicteur, Brice Hortefeux se crut très à l’aise. Il précisa ce que lui avait dit au téléphone Christian Flaesch, directeur de la police judiciaire parisienne, pour l’informer de sa prochaine convocation devant un juge. Ce faisant, il a très maladroitement confirmé l’existence de cet appel. Il s’est ensuite gaussé de ce que son interlocuteur lui ait recommandé d’apporter son agenda pour valider son emploi du temps, déclarant qu’il y aurait naturellement pensé de lui-même sans avoir été prévenu. Si c’était si évident, pourquoi donc ce haut fonctionnaire avait-il donné cette précision ? Là encore, ce malheureux Brice confirme bien ainsi qu’il y a eu une intervention dans une procédure judiciaire.