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Chapitre 4 :
Séparé
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Aussi silencieux qu'était le temps
avec lui, c'était pire maintenant. Ces journées étaient presque
silencieuses, noires même sous le soleil parisien et les bruits
joyeux autour d'elle. Les marches tranquilles dans les parcs les
après midi, sur les ponts et le long de rivière étaient vides.
Tous ces endroits qu'elle convoitait juste quelques semaines
auparavant, satisfaite dans la solitude n'avaient maintenant plus de
sens.
Étonnant, vraiment, elle avait déjà
été seule à Paris, loin de David pour la première fois de sa vie.
2 ans après, elle était à nouveau nouvelle en ville, une nouvelle
fois enterrée dans la solitude, une nouvelle fois loin de... et bien
ce ne serait pas pendant 2 ans à nouveau, se dit Sabrina. Après
tout, il avait promis de revenir dans quelques jours. Qu'importe les
promesses qu'il n'avait pas tenu par le passé – si étrange qu'il
y a moins d'un mois, il n'en avait donner aucune pour oublier –
elle ne doutait pas de lui cette fois.
Mais le silence... ce silence était
trop bruyant, l'accablant quand elle essayait de penser, de dormir,
d'apprécier son café le matin. Même ça, ce n'était pas possible,
d'essayer de savourer l'odeur et l'amertume du café seule à une
table destinée à deux personnes. Et qu'importe si Sabrina essayait
de tout oublier, c'était à ce moment que le poids de l'absence
était le plus lourd. Le premier soir, elle a ignoré son dîner, se
demandant ce que Linus pouvait bien faire en ce moment. Quatre, cinq
heures en arrière, était-il dans son bureau, parlait-il à sa
secrétaire, était-il en train de relire les détails de la fusion
qu'il lui avait dit avoir bouclée ?
Et cette nuit, elle avait à peine
dormi, comme pour sa toute première nuit à Paris. Et comme cette
première nuit, elle avait regardé le plafond, se demandant ce qu'il
pouvait bien se passer dans le même ciel à des milliers de
kilomètres de là. Et une nouvelle fois, elle pleura.
Si le premier jour avait été un
désordre permanent de voyage, de travail, de rapports à relire,
d'appels, de fatigue avant le merveilleux sommeil sans rêve... et
bien le suivant avait été quasiment le même. Il avait été
entrecoupé par les interventions de Miss McCardle et ensuite par
David qui pour une fois répondait à l'exigence de sa présence au
bureau. Lors du troisième jour, c'était bien anticipé et en même
si long à venir, le dernier effort, une dernière poussée avant la
ligne d'arrivée.
Chaque jour était différent, précis
du début à la fin. Et chaque nuit, un nouveau soulagement, la fin
d'un autre jour... Linus ne trouvait toujours pas le mot. Pas une
journée, vraiment, mais une époque, peut être et tellement
différent de ce qui rapidement s'était imposé comme normal.
David était dans son bureau encore ce
matin – le dernier jour complet de Linus à New York. Le récemment
marié David, tout juste revenu de sa lune de miel une semaine plus
tôt pour, enfin, travailler. Son jeune frère sourit quand
Linus posa une question sur Elizabeth avant qu'il l'interroge à
nouveau à propos de leurs actions à lui et son père pendant
l'absence de Linus. Juste pour un moment, Linus n'était pas inquiet.
Qu'importe ce que son frère fasse maintenant, la fusion avait été
signé, Larrabee Plastics était organisée et prête à entrer en
activité, et l'affaire entière appartenait au passé. Si il
rejetait cette voie pour une nouvelle fille, les conséquences
seraient entièrement de sa faute. Linus ne doutait pas du fait que
David pouvait avoir de bonnes intentions – Dieu sait qu'il les
avait expérimenté en premier – mais l'homme le plus brillant,
qu'il n'était pas, était un fait admis par son propre frère.
Sa préoccupation n'était pas
seulement pour ce nouveau mariage mais pour les responsabilités que
David commençait d'assumer, ou moins qu'il essayait d'assumer. Linus
n'avait pas fait lumière sur toute la situation, se demandant
jusqu'où son père et son frère pouvaient aller pour ruiner
l'entreprise. Mais ces peurs avaient été infondées, si pour aucune
raison qu'une seconde brève a passé, dans la plus grande portée
des affaires. Il avait déjà passé assez de coups de fil pour
annuler certaines décisions.
Bientôt aussi important que le
travail, être de retour à Paris, avec elle... la pensée elle même
était un soulagement. Encore un jour avant de revoir Sabrina, une
journée et demie au pire. Mais combien de temps cela allait-il
durer ? C'était la question qui nécessitait une réponse, et
c'était la plus difficile qu'il n'avait jamais posé.
Il lui manquait, désespérément. Même
quand elle passait une heure dans sa suite, les petites touches ici
et là le rappelant à elle n'étaient pas suffisantes. Les vestes de
costume dans son placard, en ligne comme des soldats, l'odeur de
tabac... comment avait-il pu devenir si important en si peu de
temps ? Et David si insignifiant ?
Tout était si différent maintenant.
Chaque rêve qu'elle avait saisi étant enfant, chaque vœu et
caprice, ils étaient tous dispersé. Pas que ce qu'elle avait
maintenant était méprisable, en fait, Sabrina le chérissait plus
que ce qu'elle croyait possible. Certaines choses plus que ce qu'elle
avait rêvé chérir l'amour de David.
Cette nuit quand elle avait roulé dans
la ville elle même, quand elle avait répondu aux questions de Linus
sur comment dire telle ou telle chose en français, c'était la
dernière nuit où elle avait ressenti des sentiments amoureux pour
David. Rentrer à la maison et le voir près du garage, debout et
fumant une cigarette comme il le faisait souvent, ce n'était qu'une
petite fraction du frisson dont elle se souvenait. Les questions
l'avaient noyées.
Les baisers qu'elle avait réclamé,
ils n'étaient rien : peu importe son intention, pour elle,
seule le vide emplissait son estomac, pas l'excitation qu'elle avait
longtemps ressenti. Absolument rien. Et quand il avait commencé à
parler de radeaux sur le Pacifique, d'escalader des montagnes
incroyables, c'était au dessus de ces forces d'endurer son éteinte
et de l'écouter, malgré ses demandes désespérées. Encore une
fois, elle lui avait demandé de continuer, voulant seulement tenir
le coup, pour se souvenir. Si il continuait de parler, alors peut
être qu'elle pourrait étreindre le rêve, les vœux de sa vie...
Mais ils s'étaient effacé à chaque
seconde qui s'écoulait, les promesses rompues qu'elle s'était faite
à elle même. « Serre moi fort, » avait elle demandé,
si leurs corps étaient proches, alors peut être que leurs âmes
pourraient revenir... non. Le rêve s'émiettait, s'envolait comme la
poussière sur la route poussée par la brise. À ce moment, aucune
question ne restait, seulement les réponses qu'elle ne savait pas
comment accepter.
Maintenant, quand elle considérait
Linus – et combien cela lui semblait étrange – aucun souvenir ne
lui venait à l'esprit, et Sabrina n'avait pas une seule minute
pendant laquelle tout était transformé. Ces petites choses, même
quand elle savait maintenant leur but. « J'ai honte de dire
que j'ai apprécié chaque minute. » N'avait-il pas dit ça
également ? Plus une force extérieure, une simple main tordant
les cartes sur la table, jouant avec comme il voulait. Et sa réponse,
pour commencer de démanteler ce plan d'affaire entier, pour lui
permettre la seule chose qu'il pensait qu'elle voulait... il s'était
fait du mal autant qu'à elle.
Elle ne pourrait pas oublier comment il
avait souri quand elle avait chanté cette chanson, puis tressaillant
à la douleur lié au souvenir ; comment il lui avait demandé
de chanter La vie en Rose encore, plus doucement ; comment il
avait prévu de la blesser si profondément, de s'infliger la même
blessure, de l'envoyer ailleurs, il avait tendu la main pour la
réconforter et sécher ses larmes. Une centaine de petites choses,
des petits moments, des murmures silencieux que personne n'avait dit,
transformant une vie de vœux.
C'était trop d'être seule, trop
accablant. Sabrina frissonna, se pelotonnant dans les draps et les
couvertures, inhalant intensément. L'odeur de tabac était douce,
mais elle la trouva après un moment. Elle étirait ses doigts dans
toutes leurs longueurs. Si elle laissait son esprit errer, elle
pouvait le voir ici, presque le toucher. Et peut être, une étreinte,
un autre baiser, un autre moment à se souvenir et à chérir.
Était-ce trop à vouloir, à espérer, peut être même à
demander ? Après tout, il n'avait même pas prononcé
les mots, pas plus qu'elle. Une nouvelle fois, une inspiration
profonde.
Les souvenirs ne seront jamais
suffisants, mais un accomplissement était-il possible ? Après
tout, que de ces mots. Oh, ils étaient compris, même insinués
quand ils parlaient du sujet, mais ce n'était pas la même chose,
pas vraiment. Était-ce quelque chose qu'on pouvait espérer ou un
autre rêve à oublier ? Que dirait son père à ce sujet,
d'arrêter de rêver d'espérer et de suivre son cœur ? Pendant
si longtemps, elle avait aveuglément suivi ses caprices envers David
mais ce n'était pas son cœur, seulement les vœux d'une jeune
fille. Son cœur avait maintenant les désirs d'une femme, qu'ils
soient bons ou mauvais.
Le caprice avait cessé mais Sabrina
avait peur que le désir – l'amour – ne cesse jamais.
Même si elle ne l'avait pas dit, elle savait. Est ce qu'elle
souffrirait à la fin ? Sabrina secoua la tête pendant qu'elle
pressait sa tête contre le matelas, imaginant ses doigts accrochés
au sien à nouveau, chauds et forts. Ça ne comptait pas, tous les
risques ; c'était trop précieux pour y renoncer. Et si c'était
en vain... la douleur s'estomperait-elle ? Mais elle ne voulait
pas, elle ne pouvait pas penser à ça. Juste une chose
pouvait la faire douter : un certain désespoir. Pourquoi
étreindre ça, quand la joie pouvait venir à la place ?