Comme Pinocchio dans le ventre de la baleine, on ne sort pas comme l’on rentre du Musée Marmottan-Monet! Et ce n’est pas peu dire, les frissons ne sont pas encore bien loin quand je me remémore cette descente au sous-sol, la caverne magique, d’Ali-baba cette fois, avec la pléiade de tableaux de Monet. Brrr!
Du 13 février au 6 juillet 2014, le Musée Marmottan-Monet présente une exposition ex-qui-se intitulée Les impressionnistes en privé, réunissant exclusivement des chefs-d’œuvre issus de collections privées. On y retrouve notamment Eugène Boudin, Johan Barthold Jongkind, Édouard Manet, Frédéric Bazille, Claude Monet, Pierre-Auguste Renoir, Edgar Degas, Camille Pissarro, Alfred Sisley, Gustave Caillebotte, Berthe Morisot, Armand Guillaumin, Paul Cézanne, Mary Cassatt, Eva Gonzalès et Auguste Rodin. De quoi, donc, en réjouir plus d’un!
L’exposition retrace les prémices de l’impressionnisme, si décrié à l’époque pour préférer aux canons classiques (les dieux et déesses), l’instant présent, les plaisirs quotidiens, la révolution industrielle, les hommes du peuple. Les impressionnistes furent traités de barbares car, comme disait Montaigne, on « appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ». Ainsi, si l’on voit aujourd’hui sur de nombreux objets de décoration des coquelicots rouges, la reconnaissance des impressionnistes était loin d’être gagnée d’avance!
En 1863, ils furent même, pour ceux qui acceptèrent, présentés au « Salon des Vaincus », une exposition réunissant les œuvres d’artistes rejetés par le jury du Salon. S’ils furent vivement critiqués et sifflés, l’événement n’en constitua pas moins « un contre-événement » au Salon officiel. L’un des tableaux fut notamment fortement hué mais eu pour conséquence de rassembler tous ces jeunes peintres aspirants à ce qui n’était pas encore appelé « l’Impressionnisme » autour de son auteur, Édouard Manet avec son Déjeuner sur l’herbe.
Comme dans toutes les révolutions, il suffit d’un geste, d’une indignation, d’une étincelle pour déclencher un changement. Et ce fut lui. Le Déjeuner sur l’herbe, pour sa lumière blanche sur le corps dénudé d’une femme (précisons encore, une femme non-déesse!), entourée de deux jeunes hommes (oh, Inconvenance!) et regardant effrontément le spectateur. Il y avait dans ce tableau toute l’audace qu’il manquait aux peintres officiels. Toute l’audace et toute la nouveauté!
© Le déjeuner sur l'herbe, Manet
Enfin, avant de vous rapporter quelques coups de cœur parmi tant de pépites d’art réunies dans cette exposition, je souhaite juste citer un dernier tableau auquel on doit beaucoup: Impression, Soleil Levant, réalisé en 1872 par Monet. Tout comme Le Déjeuner sur l’herbe, il fut critiqué pour son sujet d’étude non-conventionnel. Il fut aussi critiqué pour son nom Impression, donné par Monet pour ses traits simples et esquissés. Louis Leroy, critique, titra alors un de ses articles « L’Exposition des Impressionnistes ». Le mouvement venait donc enfin de trouver son nom.
© Impression, Soleil levant, Monet
Quelques coups de cœur parmi des dizaines!
© Promenade près d'Argenteuil, Monet
© Scène légendaire ou Sancho dans l'eau, Cézanne
© Rue Halévy, Caillebotte
© Leicester square, Monet
© Le train dans la neige, la locomotive, Monet
© Bras de Seine à Giverny, Monet
© Les roses, Monet
© Hémérocalles au bord de l'eau, Monet
© Nympheas, Monet
© Glyonnes, Monet
© Nympheas, Monet
Sans oublier, bien entendu, la collection permanente du Musée qui recèle de très belles oeuvres!
© Au bal, Berthe Morizot
© Hector Viger, La toilette avant le sacre, vers 1865
Où aller? Au Musée Marmottan-Monet, Paris, du 13 février au 6 juillet 2014
Avec qui y aller? Un amoureux de l’impressionnisme, une romantique.