Ils ont mis le monde à leurs pieds avec The English Riviera. Les Anglais de Metronomy reviennent avec un nouvel album, plus mélancolique mais toujours aussi dansant. Dans les locaux de leur maison de disque, on rencontre Joseph Mount, tête pensante du groupe, à l’heure du déjeuner.
Comment vas-tu ?
Très bien, merci de demander. Je ressens comme une espèce de fièvre en moi. Un peu anxieux aussi, mais en vrai ça va. Il fait beau, c’est plutôt exceptionnel.
Revenons un peu sur l’album, comment tu l’as-tu enregistré ?
Après The English Riviera, je voulais faire un album loin des ordinateurs parce que je les ai trop utilisés et j’en étais trop dépendant. Je voulais faire un album tout seul (rires) et de la même façon que les groupes et artistes que j’aime le faisait auparavant. J’ai commencé à écrire et composé des chansons au piano et à la guitare puis je suis allé en studio, au Toe Rag qui est un très vieux studio, très simple, très pur et parfait pour travailler différemment sur ma musique. C’était un peu comme un retour aux bases mais…en réalité c’est plus compliqué que ça !
Je ne suis pas un garçon triste et mélancolique
Tu as composé et écrites toutes les chansons, peut-on dire que c’est davantage un album solo que les précédents ?
J’ai écrit toutes les chansons de cet album, je voulais faire quelque chose d’un peu plus personnel. Quand j’écris les paroles, il y a une part de moi, mais je ne parle pas forcément de mes histoires personnelles, je raconte plein d’autres choses. C’est vrai que j’écris et je compose tout seul, et on pourrait croire que c’est un album solo, mais en réalité j’enregistre dans un studio pendant six mois et je suis en tournée pour deux ans. Et ces deux ans-là, je les passe avec Oscar, Anna etc… C’est un mélange des deux. On est vraiment un groupe mais la musique vient seulement de moi. Je crois que cette sortie est ma création la plus personnelle depuis le début de Metronomy.
C’est aussi la plus triste et mélancolique…
(rires) Oui peut-être, mais attention, je ne suis pas un garçon triste et mélancolique ! C’est juste ma musique qui l’est. C’est la musique que j’aime faire et elle ne reflète pas forcément ma personnalité. L’ambiance est mélancolique mais on peut quand même danser sur les chansons. Parfois en tout cas ! (rires) C’est la preuve que l’on peut danser sur des chansons tristes.
On remarque que les titres sont tous très différents les uns des autres sur cet album, c’était important de varier les genres ?
Ce qui est important pour moi c’est de me faire plaisir, d’essayer de nouvelles choses, explorer de nouveaux terrains, mais je le fais parce que c’est ce que j’aime et j’ai aussi l’impression que c’est ce que les gens attendent de Métronomy, maintenant. De ne pas savoir à quoi s’attendre. Pour cet album, on conçu les chansons dans un esprit festif. On n’a pas vraiment eu la volonté de faire différent ou de rendre les gens confus. On veut juste les rendre contents !
« Love Letters » est une chanson très particulière, qui sonne très seventies…
Pour moi, elle ressemble à toutes les décennies ! Il y a un peu de seventies et une rythmique très sixties, mais c’est une chanson de 2014… En fait c’est une chanson qui sonne « historique » (rires).
Les sixties, c’est une période pendant laquelle tu aurais aimé vivre ?
Je pense que ce serait intéressant de pouvoir voyager dans le temps. C’était une époque très progressiste, une époque de gros changement, mais je pense que pour une personne moderne c’est vraiment datée… les vêtements etc… Mais j’adore les voitures de cette époque…Peut-être qu’un jour je voyagerai dans le temps (rires).
Je crois en savoir assez à propos de l’industrie musicale pour dire qu’il ne faut pas travailler avec ses héros
Tu en écris parfois des Love Letters ?
Quand j’étais jeune, j’avais l’habitude d’en écrire pour mes petites amies… Plus aujourd’hui, c’est dommage, c’est pourtant quelque chose de très romantique, c’est un beau geste à faire pour quelqu’un qu’on aime. Ça fait aussi un bon moment que je n’ai pas reçu de lettres d’amour non plus ! Pas de groupies, pas de fans… elles n’ont pas mon adresse, peut-être par email pourquoi pas ?
Il y a une chanson très surprenante sur cet album, c’est "The most immaculate haircut"…
En fait je voulais parler de ces musiciens qui ont d’incroyables coupes de cheveux. J’aimerais être un musicien avec de super cheveux mais en vrai, mes cheveux à moi sont plutôt ennuyeux ! C’est une sorte de dédicace à mes héros aux supers cheveux. C’est Conan Mockassin qui m’a inspiré cette chanson en vérité. Nous avons déjà travaillé ensemble une fois sur une chanson, il est vraiment brillant et j’aimerais pouvoir faire un vrai duo avec lui un jour. Qui sait ? Ce serait cool.
Y a-t-il des gens avec qui tu voudrais travaillé ?
Il y a plein d’artistes avec qui j’aimerais travailler, c’est certain…mais maintenant je crois en savoir assez à propos de l’industrie musicale pour dire qu’il ne faut pas travailler avec ses héros. Je pense que c’est forcément décevant de travailler avec des gens que tu admires beaucoup parce que tu as de trop grandes attentions et ils seront forcément jamais à la hauteur de tes espérances. Je ne veux pas travailler avec mes héros.
Justement, qui sont tes héros ?
Pendant longtemps je disais Kanye West mais plus maintenant. Kendrick Lamar David Bowie, les Beatles, Prince… Prince est l’exemple du héros avec qui je ne veux surtout pas travailler parce que je pense qu’il ruinerait complètement la magie.
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