Non loin de l’épave d’un navire brisé sur les rochers, Vanille s’éveille sur une plage sans aucun souvenir de sa vie passée. Penchée au-dessus de lui, une jeune fille, Connie, l’aide à se relever. En acceptant de l’accompagner à la petite ville de Nefroburg avec une Trotmobile abandonnée non loin mais encore en état de marche, Vanille ignore encore qu’il s’embarque pour une aventure sans pareille dans un univers non moins rocambolesque où le mystère de son passé ne constitue en fin de compte qu’un détail bien mineur.
Un aspect bien précis de
Steambot Chronicles place ce titre à part des autres productions du genre des
jeux vidéo de rôle : son atmosphère. Car en situant son récit à une période charnière dans le développement d’une société que constitue cette
révolution industrielle qui lui sert de toile de fond,
Steambot… peut juxtaposer deux ambiances très différentes ; d’abord celle d’un hier toujours plus beau à chaque jour nouveau, et ensuite celle d’un présent d’autant plus porteur d’espoirs qu’il s’accompagne des prémisses d’une modernité dont on attend les meilleurs changements. Il en résulte une sensation de sérénité, faute d’un meilleur terme, qui fait toute une partie non négligeable de la substance du titre.
En témoigne cette place centrale que tient la Trotmobile tout le long du récit. S’il ne s’agit pas de l’unique moyen de transport de votre personnage, c’est néanmoins le plus… décontracté. Même pendant les trajets en ville où, pourtant, il faut composer avec la circulation et les embouteillages, heureusement encore assez sporadiques à cette époque. La Trotmobile, en effet, se pilote toute seule dans ces moments-là. Ces passages d’un point à l’autre d’un centre urbain deviennent ainsi donc l’occasion de se décontracter et de réfléchir à ce qu’on souhaite faire pour le reste du récit ; quant aux plus pressés, ils pourront appuyer sur R1 pour accélérer le mouvement – ça ne m’est pas arrivé souvent.
Les choses différent un peu à la campagne. Vestiges de la féodalité d’hier à peine disparue, des dangers parsèment les routes : qu’il s’agisse de brigands détournant à leur profit les nouvelles technologies, ou bien les résultats d’espèces d’expériences improbables, ils se mettront en travers de votre route. Heureusement, et comme tout
mecha qui se respecte, votre Trotmobile peut bénéficier de personnalisations pour mieux vous défendre : toutes sortes d’armes, mais aussi une vaste quantité d’accessoires se trouvent dans les garages en ville ou dans les ateliers aux entrées de celles-ci ; une fois ces obstacles écartés, vous pourrez récupérer le butin qu’ils transportent pour dépenser cet argent comme bon vous semble.
Ceci dit, les autres moyens d’augmenter votre pécule ne manquent pas. Outre les quêtes annexes et autres donjons à écumer, vous pourrez aussi vous lancer dans les parties de billard, l’extraction de fossiles, le commerce de tapis, le transport de personnes ou de marchandises,… Liste non exhaustive. Ou encore, le plus simplement du monde, vous pourrez vous placer à un coin de rue et y jouer de la musique à l’aide de l’instrument de votre choix, en simple troubadour : selon la qualité de votre prestation, les passants vous récompenseront plus ou moins bien. À un point donné du scénario, d’ailleurs, il vous deviendra possible d’intégrer le groupe des
Garland GlobeTrotters et de les suivre en tournée ici et là.
On le voit bien,
Steambot… est tout ce qu’on veut sauf cliché, et pour avoir arpenté son univers bigarré en tous sens, je peux aussi affirmer que son récit ne se veut en aucun cas linéaire – loin de là. En fait, et il s’agit peut-être du seul véritable défaut de ce titre, son scénario s’avère un peu confus une fois arrivé au bout de celui-ci, à moins que je sois passé à côté d’un dialogue ou d’un passage important pour la compréhension du récit. Mais puisque on peut continuer à jouer une fois le jeu terminé, il reste toujours possible de mettre la main sur d’éventuelles informations manquantes.
Et puis comme de toutes manières l’intérêt principal du titre tient beaucoup plus dans son atmosphère que dans son intrigue, ça fait une excellente raison de continuer à en profiter…
Notes :
Steambot Chronicles fait plusieurs références à différents éléments de la culture populaire, parmi celles-ci :
- le nom du groupe Les Garland GlobeTrotters rappelle bien sûr l’équipe de basket les Globetrotters de Harlem.
- l’Ultimate Trotmobile Tournament semble un clin d’œil à l’Ultimate Fighting Championship (ou championnat de combat ultime).
- les adversaires Totem Recall et Dig D.U.G.G. qu’on trouve dans des donjons font référence au film Total Recal (Paul Verhoeven ; 1990) et le jeu vidéo d’arcade Dig Dug (Namco ; 1982), respectivement.
- un film qui n’existe que dans l’univers de Steambot… et intitulé Welcome Back, Trotter évoque un jeu de mots avec le titre de la série TV Welcome Back, Kotter (Gabe Kaplan & Alan Sacks ; 1975-1979) dans laquelle John Travolta fit ses débuts.
- deux des gladiateurs qu’on peut affronter dans les arènes de combats de Trotmobiles, Chuckie « Bomber Boy » et Isabelle « Dancing Queen », rappellent respectivement le jeu vidéo éponyme de Hudson Soft publié en Europe en 1990 sous le titre Bomberman et le tube emblématique de l’ère disco produit par le groupe pop suédois ABBA.
Steambot Chronicles
Irem, 2006 (version PAL)
Playstation 2, env. 8€