Carnet / Du bois sec, de la grisaille et de l'espoir

Publié le 16 mars 2014 par Christian Cottet-Emard

Hier samedi après-midi, j’ai ramassé une brouette de bois sec pour allumer le feu dans la cheminée. Il n’y a qu’à se baisser pour récupérer ces branches de frêne cassées et précipitées à terre par le vent. J’aime cette idée de gratuité et de facilité dans la vie. Le culte de l’effort à tout prix et en toutes circonstances est un conditionnement qui nous est infligé dès l’enfance et qui vise non pas à nous apprendre à nous débrouiller dans l’existence mais à nous résigner au renoncement et à l’absence de joie de vivre.

Pendant que cette idée revenait une fois de plus dans mon esprit, la grisaille a enveloppé les vallonnements où ma maison est nichée. Cette grisaille m’a fait penser à la lumière dominante des années 80 du vingtième siècle qui étaient les années de ma jeunesse. Des années grises qui étaient encore celles de la guerre froide mais surtout celles d’un retour sournois des prétendues « valeurs » de la droite dans les esprits, et cela malgré l’arrivée de la gauche au pouvoir.

En ce moment, à l’occasion des élections municipales, les candidats et leurs listes s’affichent sur les murs et des trombinoscopes s’empilent dans les boîtes aux lettres. Politique : regards éteints, sourires commerciaux, grisaille et fatigue de la petite épicerie du quotidien...

Je ressens surtout ce malaise lorsqu’il m’arrive de descendre dans la bourgade que j’ai quittée en 2009, une petite ville ouvrière qui vote presque toujours à droite et dont il serait judicieux de détourner les multiples supports d’affichages pour y placarder des extraits du Discours de la servitude volontaire d’Etienne de la Boétie.

Pour conclure sur une note d’espoir, je lis actuellement le dernier livre de Damien Luce, La Fille de Debussy, tout récemment paru aux éditions Héloïse d’Ormesson, que j’ai reçu en service de presse. J’en parlerai bientôt dans ce blog car l’auteur, né à Paris en 1978, romancier, compositeur, pianiste, dramaturge et comédien, est très doué. 

Heureusement il y a les livres et la musique. Heureusement, parce que sans cela...