Ceux qui prenaient les footballeurs pour des neuneus vont devoir réviser leur jugement. La preuve? Uli Hoeness, ancien joueur de Bundesliga, vainqueur de la coupe du monde 1974 et patron du Bayern de Munich depuis 35 ans, était en fait un excellent boursicoteur. Pas du genre Madoff, à monter une arnaque internationale, non. Un vrai, de ceux qui jouent à toute heure, partent avec une mise initiale et la font fructifier à coup de placements. Seul ombre au tableau: des gains substantiels dissimulés au fisc, qui lui valent une peine de 3 ans et demi de prison.
L’affaire est croustillante. Parti précocement à la retraite en 1979 suite à une blessure au genou, ce milieu offensif plutôt physique devint rapidement manager du Bayern, qu’il a su développer et faire prospérer, jusqu’à devenir un modèle pour les autres clubs, investissant même dans des clubs concurrents, comme le Borussia Dortmund. Bref, Hoeness était un patron apprécié.
Mais Uli Hoeness avait une passion. Une passion incontrôlable, semble-t-il, une vraie drogue: la bourse. On en a vu d’autres, et des pires. A partir d’un prêt de 2,5 millions d’euros accordé en 2000, Hoeness a su faire croître son pactole et le multiplier par 10 en quelques années. De 2003 à 2009, il aurait réalisé un bénéfice de 25 millions d’euros. Certes, la bourse a bien fonctionné durant la première décennie du 21e siècle, mais un tel rendement est loin d’être négligeable, et 2009 n’était pas une année faste. J’en connais plus d’un qui se seraient contentés de moindres gains, ou auraient perdu une partie de leur mise dans des placements hasardeux.
Excellent gestionnaire, manager de club apprécié, boursicoteur talentueux, Hoeness va donc passer les trois prochaines années en prison. C’est singulièrement injuste: un homme capable de réaliser de tels gains et de diriger le seul club de foot (ou presque) rentable en Europe, devrait voir sa peine réduite et être appelée à de plus hautes fonctions au sein de l’état!