LECTURES CROISEES : quand les marocaines écrivent …

Déçu et frustré par les  derniers livres que j’ai lus  – celui de Driss C.  Jaydane et celui de Souleiman Bencheich – je me suis dit que finalement les marocaines seraient peut-être plus douées pour l’écriture que leurs compatriotes hommes. Les nouvelles de Siham ABDELLAOUI  m’avaient en effet laissé un souvenir agréable.

J’ai donc décidé de me plonger dans l’univers littéraire féminin marocain avec quelques titres qui se sont trouvés sous les feux de l’actualité ces derniers jours à l’occasion de l’attribution d’un quelconque prix sponsorisé.

C’est dire que mon choix n’a été guidé ni par mes préférences personnelles ni par mes gouts littéraires : j’ai pris ce qu’il y avait sur les étagères de mon libraire.

Donc, trois livres de trois marocaines  tous publiés en 2013:

• LES CHARMES DE KENZA, d’une nouvelle venue sur la scène littéraire, Nadia ABID paru chez La Croisée des Chemins.

• AU CAFÉ DES FAITS DIVERS, de Bouthaïna AZAMI, qui en est déjà à son 5ème opus, paru également La Croisée des Chemins.

• LA LISTE, de Naïma LAHBIL  TAGEMOUATI,  paru chez Le Fennec. L’auteure, consultante internationale en matière d’habitat, a déjà publié un essai DIALOGUE AVEC MA MÈRE dont j’avais recommandé la lecture,

Tout naturellement, j’ai ouvert en premier le roman de Naima Lahbil Tagemouati. Mais la première page,  je tombe sur une contradiction flagrante : l’auteur décrit un gourbi misérable et parle  d’une casserole “étincelante” pleine de “vermicelle au lait gélifié”. Quelques pages plus loin, elle fait allusion à un jeune garçon craignant de “rater son lycée encore cet après-midi” alors que la scène est supposée se dérouler le matin.

Petites erreurs, négligences ou manque de rigueur dans l’écriture? En tous cas, cela freine l’envie de continuer ma lecture. Je pose donc “La liste” et je change de registre et de style.

“Au café des faits divers” se lit plus facilement. La maitrise de la langue et de l’écriture est là, mais sans plus. Que veut nous raconter Bouhaïna Azami? Pourquoi le faire dans un café genevois?  Pourquoi tant d’étrangers pour nous parler de problèmes sociétaux marocains?

Honnêtement, la petite prouesse  de Bouthaïna Azamy n’a pas d’autre intérêt que d’être bien écrite : cela ne suffit pas pour mériter le qualificatif d’œuvre littéraire, n’en déplaise au jury qui l’a couronné.

Je reviens à “La liste” : le deuxième chapitre est lourd! Je ne pourrais jamais aller au bout des 265 pages : autant j’avais apprécié l’essai de Naïma Lahbil Tagemouati sur les problèmes urbanistiques de Fes, autant sa tentative de nous présenter Bouchta, le “aroubi” ambitieux  est lourde et maladroite. Elle ne m’a pas donné envie de mieux connaitre ce personnage. On ne se lance pas dans le roman social sans un certain talent.  N’est pas Balzac qui veut et n’est pas Taha Hussein qui peut!

Je reprendrai la lecture de ce roman un jour où je m’ennuierais profondément ou une nuit où je perdrais le sommeil. Et que je n’aurais rien d’autre à lire sous la main, ce qui est très rarement le cas.

Assez déçu, je dois bien le reconnaitre, je me suis dis que le roman de Nadia Adib me réconciliera avec la littérature féminine marocaine.

Le titre aurait dû attirer mon attention: “Les charmes de Kenza”! Mais j’ai cédé au charme de prénom qui m’est très cher.

Le roman tient un peu du photo-roman, avec une histoire d’amour qui se déroule dans un décor assez insolite il faut bien le reconnaitre. Avec pour aguicher le lecteur, quelques audaces qui ont semblé séduire une critique littéraire que j’ai entendue sur une radio privée.

Bref, rien qui puisse marquer durablement la littérature marocaine francophone, bien qu’il s’agisse de trois romans, dont deux ayant reçu  le week-end dernier un prix qui a fait grand bruit dans les médias! Mais on sait ce que valent et ce que cachent les prix littéraires!

Un conseil : évitez les opus primés et laissez votre inspiration guider vos choix de lectures.