Morceaux choisis - Gesualdo Bufalino

Par Claude_amstutz

Toi l'unique, toi vivante, toi l'eau
et l'air de mon existence
et toi complice véhémente de mort;
toi mon poing et mon étendard
contre les procédures obscures du destin;
toi mon grain, mon sein, mon sommeil,
feu d'hiver qui évente le nuage de nuit oblique
où habite l'Ourse;
toi l'unique et vivante,
toi le chant de l'orgue grave
et toi le cri de la chair lente
et toi la fleur et la nourriture,
toi ma pierre de touche et ma tiède tanière,
ma femme, ma femme,
toi l'unique, toi vivante... 

Gesualdo Bufalino, Le miel amer / édition bilingue (L'Amourier, 2006) 

traduit de l'italien par Renato Corona 

image: Nicolas de Staël, Paysage de Sicile / 1952 (laregledujeu.org)