Toi l'unique, toi vivante, toi l'eauet l'air de mon existenceet toi complice véhémente de mort;toi mon poing et mon étendardcontre les procédures obscures du destin;toi mon grain, mon sein, mon sommeil,feu d'hiver qui évente le nuage de nuit obliqueoù habite l'Ourse;toi l'unique et vivante,toi le chant de l'orgue graveet toi le cri de la chair lenteet toi la fleur et la nourriture,toi ma pierre de touche et ma tiède tanière,ma femme, ma femme,toi l'unique, toi vivante...
Gesualdo Bufalino, Le miel amer / édition bilingue (L'Amourier, 2006)
traduit de l'italien par Renato Corona
image: Nicolas de Staël, Paysage de Sicile / 1952 (laregledujeu.org)