Patrick Bateman a vingt-sept ans. Il est jeune, beau et séduisant. Les femmes lui courent d’ailleurs toutes après et il ne les repousse pas. Il est riche aussi, le golden boy américain par excellence. Au point qu’il se permet de ne s’habiller qu’en haute couture qu’il connaît d’ailleurs sur le bout des doigts et de reconnaître la griffe du moindre tailleur qu’il aperçoit. Il est populaire. Il parvient à entrer dans les restaurants les plus chics et les clubs les plus fermés, où il sniffe parfois un petit rail de coke avec sa bande d’amis aussi superficiels et désabusés que lui. Et de temps en temps, de violentes pulsions s’emparent de lui. D’abord envers les mendiants, ces rebuts de la société. Puis envers les femmes, ces objets sexuels sans grand intérêt. Alors il les tue. Il les éventre, les égorge, répand leurs intestins sur les murs de son appartement hors de prix.
Mouais. Je l’ai lu. Je ne peux pas dire que j’ai été transportée. Je ne peux pas non plus dire que j’ai été rebutée. Je suis allée jusqu’au bout du livre (et c’est un petit pavé), sans vraiment entrer dans l’histoire. Il faut dire que d’histoire, il n’y en a pas vraiment. On suit le quotidien du narrateur, ses sorties, ses conversations superficielles avec les autres golden boys de son entourage, ses sorties avec une fille ou une autre, ses parties de jambes en l’air, et surtout, les longues listes de marques et de matières de vêtements portés par tous les autres personnages. Le message est clair: nous sommes dans un monde où les valeurs ne sont pas du tout les mêmes.
Le décalage est d’ailleurs une des clés qui empêche ce roman d’être franchement ennuyeux. C’est au beau milieu d’une conversation mondaine en boite de nuit que les pulsions de Pat font surface. C’est lorsqu’il essaye d’évoquer ses névroses avec une femme qui lui parle mariage et fête que l’on se rend compte du décalage entre la gravité voire l’horreur du personnage et le monde dans lequel il vit. C’est lorsqu’il essaye d’étrangler le compagnon d’une de ses conquêtes que celui-ci lui avoue son attirance irrépressible.
Alors évidemment, il faut avoir le coeur bien accroché, car plus le roman avance, plus les scènes deviennent pornographiques et gore. L’ironie atteint des sommets lorsqu’on le voit verser le sang de ses victimes dans des coupes de champagne ou même tourner à l’anthropophagie dans sa cuisine dernier cri.
Toutefois, cela ne va pas plus loin. J’ai eu l’impression d’une succession de saynètes toutes plus désabusées et psychotiques les unes que les autres, dans une spirale qui ne va nulle part et qui semble n’avoir d’autre objectif que de repousser ses propres limites. Je n’ai pas vraiment accroché.
La note de Mélu:
Je comprends l’engouement, mais je ne le partage pas.
Un mot sur l’auteur: Bret Easton Ellis (né en 1964) est un écrivain américain qui fait partie du mouvement Génération X.