Plus que la narration et l’enquête en elles-mêmes, c’est peut-être le décor parisien que le lecteur gardera en mémoire, bien que le scénario soit totalement abouti. Les plus grands peintres de l’époque impressionniste évoluent dans le Paris mouvementé et métamorphosé du baron Haussmann. L’oeil de Nadar semble planer sur les planches, inspirées des photographies de l’artiste pour certaines. L’album s’ouvre par ailleurs sur un clin d’oeil au tableau de Monet, "La Gare Saint Lazare". Que les références soient explicites ou plus discrètes, elles fourmillent à chaque page, ne manquant pas de raviver les souvenirs picturaux du lecteur.
Le graphisme, aux teintes assez douces, participe également de ce voyage dans le temps, nimbant les événements d’une brume et adoucissant délicatement les traits des personnages.
L’album bien documenté retrace également l’agitation de la capitale peu avant les événements de la Commune, les combats pour la liberté de la presse et ceux pour la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Un beau voyage tragique dans le Paris artistique et politique de la fin du XIXème siècle.
Michael Le Galli & Marie Jaffredo, Les Damnés de Paris, Vents d’Ouest, 12 Mars 2014, 22 euros.