Jazz Archive: Menphis Slim & John Lee Hooker sur Mezzo avec l'INA le jeudi 20 mars 2014 à 20h30

Publié le 14 mars 2014 par Assurbanipal

Jazz Archive

INA & Mezzo

Memphis Slim (1962)/ John Lee Hooker (1970)

Diffusé le jeudi 20 mars 2014 à 20h30 sur Mezzo.

DVD en vente libre

Jazz Session " John Lee Hooker ", émission d'Henri Renaud, André Francis, Bernard Lion, ORTF, 15 août 1970.

John Lee Hooker (1917-2001) , guitare électrique, chant, est accompagné d'un quartet (guitare électrique, guitare basse électrique, batterie, harmonica).

Le quartet commence par un instrumental rapide " John Lee ". Puis le Boss arrive, s'asseoit, s'installe, joue, chante et nous prend aussitôt le corps et l'âme. John lee n'est pas encore la super star qu'il devint 20 ans plus tard, jouant avec Carlos Santana ou Bonnie Raitt mais lui même reconnaissait qu'il était meilleur musicien et chanteur plus jeune." Country Boy ", chanson d'un amoureux déçu.

" I need some money, honey ". Voilà un homme qui sait parler aux femmes. " Ton amour me donne tant de frissons mais ton amour ne paiera pas mon loyer. J'ai besoin d'argent, chérie ". L'harmoniciste a disparu. Le ton est beaucoup plus mordant, dur que le morceau précédent. De vaincu, l'homme est devenu vainqueur. Du moins, c'est ainsi qu'il pose. Pas sûr que ça marche.

C'est un concert filmé face à un public de connaisseurs. Ils reconnaissent un morceau dès les premières notes. John Lee interprète sa chanson " Hello Blues ". Ca redescend dans une ambiance de grosse déprime. Espérons que les jeunes filles innocentes du public n'aient pas compris toutes les paroles car c'est très sensuel. 

" Shake it baby ". Chanson encore plus érotique que la précédente. Pas besoin de comprendre les paroles pour le saisir. " Bouge ça pour moi, chérie. Je me fiche de ce que dit ta mère. Je me fiche de ce que dit ton père. " Inutile d'en dire plus. La tension devient palpable. C'est très chaud et viril. La chansone est étirée, faisant monter et durer le plaisir. L'harmoniciste vient ajouter sa plainte. 

" I can't get no satisfaction ". Etrange version Blues du tube des Rolllng Stones, ces Blancs Anglais fous de Blues. Ni l'air, ni les paroles ne sont reconnaissable car John Lee mêle cette chanson avec une des siennes dont le titre m'échappe. Avec un harmonica envoûtant. John Lee se lève, range sa guitare et s'en va alors que les musiciens finissent d'achever le public.    

Memphis Slim on the road. Un film de Jean-Christophe Averty présenté par Raymond Mouly, ORTF, 18 août 1962.

Memphis Slim: piano, chant

Kansas Field: batterie

Menphis Slim né à Menphis, Tennessee (" Help me long distance, give me Memphis TennesseChuck Berry) en 1915, s'est installé à Paris en 1962 et y demeura jusqu'à sa mort en 1988. Dans cette émission de 1962, le public français le découvrit à la télévision grâce à la passion de Jean-Christophe Averty et Raymond Mouly. Enregistrement en studio, sans public.

Menphis Slim se présente, en anglais, en jouant et il n'y a ni interprète ni sous-titres. L'ORTF faisait donc confiance à la culture des téléspectateurs français en 1962. " Sun is gonna shine on my backdoor someday ". Il joue un mélange de Blues et de Boogie Woogie avec la touche urbaine, après guerre, de Chicago. Le jeu du batteur est si léger que je le perçois à peine.

" 4 o'clock Blues ". Jean-Christophe Averty ajoute un petit dessin pour illustrer chaque titre. Ici, un réveil fixé sur 4h du matin. Memphis Slim explique de nouveau sa chanson avant de la jouer. Ici, c'est un pur boogie woogie, un rythme basé sur celui des trains à vapeur et de leurs boggies captés par des musiciens qui voyageaient, en clandestins, sous les trains. Maintenant, Memphis Slim nous la joue Blues, sur tempo lent. C'est étrange cette voix de fausset sortie d'un homme aussi imposant. " 4h du matin et je dors seul. La fille que j'aime dort avec quelqu'un d'autre ". Il y a de quoi avoir le Blues.  

" Cow cow Blues ". Un vieux classique sur tempo rapide. Jean-Christophe Averty nous fait les jeux visuels dont il a le secret, mélangeant les doigts aux touches. Même sur une musique classique, Averty expérimentait. Cela devient du dessin animé. Le batteur punche bien. Même les vaches doivent danser sur cet instrumental.

" Born with the Blues ". Memphis Slim avait des doigts d'extra terrestre, longs et courbes. " J'ai quelque chose qu'on n'apprend pas à l'école. Je suis né avec le Blues ". Memphis Slim faisait partie de la discothèque de mon père. Il est dans mes fondamentaux. Puisse t-il être dans les vôtres, lectrices exigeantes, lecteurs sélectifs. 

" Diggin my potatoes ". Chanson à sous-entendu obscène. Si vous ne comprenez pas, j'envie votre innocence. Le batteur, aux baguettes, creuse le rythme.

" Rockin the house " écrit par Peter Chapman en 1942 quand le Rock'n Roll s'appelait Rhythm and Blues comme l'explique Memphis Siim aux ignorants. Ca se danse comme un bon vieux rock'n roll cher à William Sheller. Premier break de batterie: ratatata!

" Rocking chair Blues ". Retour au calme avec un air qui se balance au rythme de la dodine comme disent les Haïtiens. Encore un morceau obscène. " Balance moi chérie, balance moi doucement encore une fois avant que je parte ". Je n'en dis pas plus, lectrices innocentes, lecteurs pudiques. C'est du Blues, la musique du Diable! Averty s'amuse de temps en temps avec ses jeux visuels, ses lignes d'ombre et de lulmière, poussant les contrastes à fond pour faire ressortir, déformer les traits.

" Just a dream " (Big Bill Broonzy). Un Blues lent. Rêve d'une vie de famille heureuse. Rêve d'être assis dans le fauteuil du président des Etats Unis d'Amérique avec le président qui lui dit combien il est content de le voir: un vrai rêve pour un Noir américain en 1962.

" Baby please come home ". Une chanson rapide dont le thème est facile à comprendre.

" HCF Boogie ", composition de Memphis Slim en hommage au Hot Club de France. Memphis Slim se sentit si bien à Paris qu'il y vécut les 27 dernières années de sa vie. Un Boogie instrumental, très entraînant. Avec les jeux visuels de Jean-Christophe Averty, Memphis Slim a l'air de taper à la machine à écrire.

" Pigalle's Love " chanson de Memphis Slim en hommage à une fille qu'il rencontra lors de son premier séjour à Paris en 1961. Une chanson très tendre. Il a dû rentrer en Amérique, la quitter, sans pouvoir l'oublier. De quoi avoir le Blues, non?

" Jammin the boogie ". Solo de batterie aux baguettes sur un air de marche entraînant pour commencer. Memphis Slim attaque et ça swingue terrible.Ce ne serait que de la belle mécanique s'il n'y avait ce feeling permanent dans le jeu.

Pour finir " Everyday I have the Blues ". Memphis Slim remercie le public de son attention. Kansas Field aux balais.Tous les jours et toutes les nuits, Memphis a le Blues. " Quant tu me vois soucieux chérie, c'est toi que je hais perdre ". Personne ne l'aime, personne ne semble se soucier de lui. " Si on parle de malchance et de problèmes, tu sais que j'en ai eu ma part ". Avec ça, vous avez le Blues jour et nuit, le truc à vous décider de faire vos bagages et partir.

La même année 1962, dans une autre émission, Memphis Slim joue et chante " The Blues is everywhere ". Rien à ajouter.