Magazine France

Le dire et le faire

Publié le 14 mars 2014 par Malesherbes

Les mots peuvent blesser. Parfois même, ils peuvent tuer. Pour ne prendre qu’un seul exemple,  on voit parfois des enfants insultés à répétition par leurs condisciples se suicider. Mais hormis ces cas extrêmes, il importe de ne pas confondre le dire et le faire. Pour ma part, je considère que, ce qui compte, c’est ce que l’on fait et non ce que l’on dit. Malheureusement, si le temps des grands orateurs est passé, les hommes demeurent malgré tout fascinés par le verbe.

Un plus bel exemple en est donné par nos campagnes présidentielles. Avant le second tour, de longues négociations sont menées par les équipes des deux candidats. On discute pour fixer le lieu de la rencontre, la forme du plateau. On choisit avec précaution l’ordre d’intervention, la durée, le modérateur, les éventuels témoins et une foule d’autres détails. Dans le même temps, les médias énumèrent les sujets au menu, évaluent à l’avance  les chances de chacun. Puis, la rencontre terminée, ils rivalisent pour proclamer qui est le vainqueur de la joute. Fort bien, et alors ? Alors ? Le peuple risque de choisir celui qui est le plus convaincant, le plus persuasif, le plus apte à ferrailler victorieusement en paroles contre un interlocuteur. L’élu est celui qui parle le mieux, qui sait éviter les pièges tendus par son adversaire, qui arrive à le moucher de belle manière au moment opportun. Sont-ce là les qualités qui font un président ? J’en doute fort. On se focalise sur le dire alors que c’est le faire qui importe.

En 2007, lors du débat télévisé qui opposait Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy, celui-ci la tança vertement, déclarant que pour être président, il importait de rester toujours maître de ses nerfs. On vit ensuite le même Sarkozy s’emporter, entre autres, au Salon de l’agriculture ou au Guilvinec. Plus près de nous, oserais-je souligner la distance qui sépare les propos du candidat Hollande et la politique qu’il mène comme président ? Et, encore plus près de nous, Obama, Merkel, Hollande et autres menacent Poutine de sanctions. Il est probable que cela n'empêche pas d’annexer la Crimée car il sait bien que ces menaces ont peu de chances de déboucher sur une intervention militaire. Ces exemples, que l’on pourrait multiplier, démontrent qu’une seule chose importe, ce que l’on fait, et nullement ce que l’on dit.

Ceci posé, qu’est-ce qui est plus grave ?

-   Que Christine Taubira n’ait pas reconnu (parole) que, dès (!!) le 26 février, elle était au courant des écoutes réalisées sur les téléphones de Sarkozy depuis plusieurs mois, ou

-   que Sarkozy soit suspecté d’avoir reçu (action délictueuse) pour sa campagne 2007 des fonds d’une puissance  étrangère, et

-   qu’il soit suspecté d’avoir tenté d’infléchir (action délictueuse) le cours d’une enquête judiciaire et

-   que Copé soit suspecté d’avoir favorisé (action délictueuse) tel ou tel de ses amis aux dépens financiers  de son parti et que … j’arrête, n’en jetez plus, la cour est pleine !

Et notre gouvernement qui se révèle incapable de river leur clou à ces nombreux suspects !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Malesherbes 59 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte