Kawara ou "tuile" en japonais.
Ce type de tuiles a été introduit au Japon à la fin du VI siècle par la Chine via la Corée, cette apparition coïncide avec celle de la religion bouddhiste . Les toitures protégeaient bien sûr de la pluie et du vent, mais pas que! Elles avaient aussi une vocation mystique: elles étaient censées protéger les lieux des mauvais esprits. Il y a toute une symbolique liée aux différents épis de faîtage ou embouts décoratifs: le soleil apportant énergie, la fleur de lotus apportant pureté et vie, le dragon prospérité et réussite en affaires, la lune protégeant et purifiant la maison …..
Un savoir-faire ancestral
Au tout début de leur apparition, il n’y avait que 4 artisans diligentés par le royaume sud coréen qui étaient habilités à fabriquer ces fameuses tuiles. Ce matériau resté traditionnel a su évoluer, ses qualités techniques ont été améliorées: désormais elles ont des performances imperméables remarquables, elles peuvent résister aux tremblement de terre et aux typhons, elles ont également une grande capacité d’isolation thermique grâce à leur fort pouvoir de réfraction de la lumière et du soleil. Elles ont même été homologuées comme matériau non combustible par les autorités compétentes.
Ces tuiles font parti du paysage japonais, elles équipent la moitié des toitures au Japon. Elles sont fabriquées à partir de différents types d’argiles qui sont mélangés et malaxée avant d’être formés. Les tuiles sont mises à sécher, puis elles sont cuites à de très hautes températures—1130°C.
Le souci avec ces tuiles, c’est qu’il y a environ 5% de la production qui est déclassée pour malfaçons que ce soit pour fissures ou défauts, ce qui représente environ 65000 pièces pour la seule fabrique de Takahama Ces tuiles sont difficilement réutilisables et elles servent souvent de remblais ou pour construire des séparations de fortune.
De la tuile aux tabourets/bancs Kawara.
Mais c’était sans compter sur le regard d’un artiste qui a su déceler un autre potentiel et une autre destinées que la simple couverture à ces tuiles traditionnelles .
Le design en courbe douce des tuiles imparfaites ont inspiré le designer Tsuyoshi Hayashi qui les a reconverties en tabourets. Une fois retaillées pour éliminer les parties défectueuses, une fois fixées sur un cadre en bois, les tuiles sont métamorphosées en meubles d’intérieur: des sièges à l’assise ergonomique bénéficiant des qualités intrinsèques de la tuile ultra résistante, ils peuvent donc supporter jusqu’à 120 kg. L’artiste joue sur les hauteurs en les imaginant comme tabourets de bar , et s’amuse à les associer en enfilade pour en faire des bancs en jouant également sur les différentes couleurs de céramique. Ses créations ont été présentées au concours [D3] du salon de l’ameublement « Imm Cologne » début 2014.
Une expérience de détournement que l’artiste veut renouveler
"Mon plus grand souhait est de collaborer avec des usines dans chaque pays et d'appliquer mon principe de conception en proposant de donner une valeur unique à des déchets industriels locaux» a-t-il déclaré.
Installé aux Pays Bas où depuis décembre 2013, Tsuyoshi Hayashi a ouvert son propre atelier et son travail le conduit à étudier et expérimenter la réinterprétation de matériaux rebuts d’entreprises européennes.Que va-t-il bien nous proposer? Quelle matière va-t-elle retenir son imagination et sa créativité