Depuis le succès de « Millenium », le polar scandinave est devenu très à la mode. Si cette brèche à conduit à l’adaptation de la trilogie de Stieg Larsson en BD par Sylvain Runberg et José Homs, c’est maintenant au tour de Camilla Läckberg de s’y engouffrer. La romancière suédoise a déjà écrit plusieurs polars qui invitent à suivre les enquêtes d’Érica Falck à Fjällbacka, une petite ville portuaire de la Côte Est suédoise. Initialement publié en 2003, puis traduit en français chez Actes Sud en 2008, « La Princesse des glaces » est la première aventure de cette héroïne et six autres romans ont vu le jour depuis.
Le récit invite à suivre l’enquête d’une jeune biographe qui découvre le cadavre le cadavre d’Alexandra Wijkner, son amie d’enfance, dans une baignoire d’eau gelée, les poignets tailladés. Si je ne suis pas trop friand d’adaptations littéraires, les excellents avis concernant le travail d’Olivier Bocquet (La Colère de Fantômas) et Léonie Bischoff (Hoodoo Darlin) m’ont tout de même poussé à lire cet album.
Le scénariste a d’emblée la bonne idée de réserver les premières pages de son album à la présentation des personnages. Ce prologue qui invite les différents protagonistes à s’adresser aux lecteurs, une fois en tant qu’adulte et une fois en tant qu’enfant, permet non seulement de s’identifier très rapidement aux personnages, mais évites surtout des présentations trop bavardes par la suite. L’auteur peut ainsi se concentrer sur l’intrigue par la suite, laissant au lecteur la possibilité de revenir à cet aperçu bien pratique en cours de lecture.
Cette approche contribue à livrer une enquête passionnante qui évolue avec grande fluidité vers son dénouement, sans devoir à chaque fois s’encombrer de textes présentant les nombreux intervenants. Au fil des pages les différents liens entre les personnages se dévoilent, mettant à jour les nombreux secrets profondément enfouis dans cette petite ville où tout le monde se connaît et où le “qu’en dira-t-on” ont souvent raison de la vérité.
Visuellement, derrière cette couverture somptueuse, le trait élégant de Léonie Bischoff est brillamment rehaussé par la mise en couleurs d’Aurélie Lecloux, Annelise Sauvêtre et Sophie Dumas. Cette colorisation qui passe avec grande habilité de teintes bleues assez froides pour les scènes du présent à des tons orangés plus chaud lors des flash-backs, permet d’alterner l’ambiance glaciale qui enveloppe cette histoire avec des cases aux couleurs d’antan qui semblent vouloir renvoyer vers une période plus heureuse. Notons finalement que les auteurs ont passé une semaine en Suède afin de s’imprégner de cette atmosphère locale qui se retrouve du coup restituée avec beaucoup de réalisme.
Un excellent one-shot qui devrait être suivi de l’adaptation des autres romans de Camilla Läckberg.
Retrouvez cet album dans mon Top de l’année !