Marketing Attitutde : Bonjour Maxime, peux tu commencer par présenter ton parcours aux lecteurs de Marketing Attitude
Maxime GARRIGUES : Je suis Maxime GARRIGUES, mon parcours est assez simple, j'ai démarré en même temps que le social entre guillemets dans le web puisque quand j'étais encore étudiant j'ai lancé un blog, il s'appelait Petit Deviendra Grand, ce blog était dédié à la création d'entreprise, je faisais des podcastsvidéos de créateurs d'entreprises en France. Grâce à ça il est devenu dans le top 100 des blogs français à l'époque dans le B to B. Le contenu que je produisais était acheté par une banque française qui m'a permis de financer mes dernières années d'études. De ça, j'ai monté une première boîte de contenu qui fait du contenu vidéo pour internet, donc j'ai rejoint une équipe qui était en formation et moi je me suis joint aux fondateurs, donc on a fondé ça à quatre, qui s'appelle PINKANOVA qui est aujourd'hui toujours active et qui fait à peu près un million d'euros de marge brute. Ensuite, l'histoire a fait que j'ai rejoint la première filiale sociale de X-PRIME qui s'appelait X-PRIME ID, je suis le directeur général d'une filiale de X-PRIME qui est une agence interactive et on a fusionné X-PRIME ID et X-PRIME pour créer X-PRIME Groupe il y a maintenant pratiquement un peu plus de deux ans. Du coup aujourd'hui, je suis directeur associé de X-PRIME Groupe qui est une boite basée à Toulouse et à Paris et qui compte à peu près 60 personnes. Notre métier est d'accompagner les marques sur des problématiques digitales.
Marketing Attitude : Comment se positionne X-PRIME sur le marché ?Maxime GARRIGUES : Alors, nous on est pure player digital, donc pour nous ça veut dire qu'on doit aider nos clients à se digitaliser, c'est-à-dire digitaliser, il y a le b.a.-ba c'est finalement utiliser le média digital pour activer ces bases, pour faire du business, pour fidéliser. Et nous on va un peu plus loin, puisque notre volonté c'est qu'on rentre dans le business de nos clients en introduisant du digital pour lancer de nouveaux concepts avec eux, de nouvelles offres qui vont influencer vraiment leur business-model, puisque le digital aujourd'hui c'est plus qu'un média, il change notre manière de consommer et donc on doit faire évoluer nos clients dans ce sens. On fait moins de la communication que plutôt de l'usage, c'est compliqué à définir mais on essaye d'innover au travers du digital vraiment avec nos clients.
Marketing Attitude : Quel est ton support digital favoris Maxime ?Maxime GARRIGUES : C'est difficile à définir puisque en fonction des personnalités, moi j'aime beaucoup vraiment le mobile en ce moment parce qu'on peut faire plein de choses. Moi je suis passionné de quantify sales c'est-à-dire l'acquisition de données sur moi-même et mon activité et je pense qu'il y a plein de choses à faire autour de ça pour les marques. Mon support favori c'est la donnée, c'est la data, qu'est-ce que je peux faire ? Qu'est-ce que je fais comme service en connectant de la donnée sur mes utilisateurs afin de leur rendre le meilleur service possible ?
Marketing Attitude : Est-ce qu'il y a une campagne que vous avez gérée, qui t'a marqué et que tu voudrais partager avec les lecteurs de marketing attitude ?Maxime GARRIGUES : Campagne oui, il y en a plusieurs... Evidemment le terme campagne chez nous a moins de sens que quand vous parlez à une agence de pub, encore une fois nous on se voit moins comme une agence de pub, mais plus comme une agence digitale et nous la différence, on y tient.
Donc nous on parle plus de dispositif, parce que parfois, on ne fait pas de la communication, on fait juste de l'activation pour générer du business. Par exemple, alors le dispositif marquant , on vient de délivrer le site de l'aéroport de Toulouse, où on vient de mettre en œuvre de nouveaux services comme de l'information live, en gros vous allez vous loguer sur le dispositif web et en temps réel on va vous envoyer l'état des trafics sur le périphérique toulousain pour que vous ne ratez pas votre vol.
Donc c'est des choses de ce type-là où on innove, où on est plutôt fier de ce dispositif. Après on produit des dispositifs aussi pour le luxe. Par exemple pour Hermes on fait des site d'e-commerce européens, notamment pour la marque John Lobb où le site est en responsive design, il est adapté à toutes les plateformes et et ça transforme plutôt bien en business, effectivement on a deux trois comme ça de dispositifs assez marquants sur l'année.
Marketing Attitude : Que représente Facebook dans toutes ces stratégies et tous ces dispositifs que vous proposez ?
Maxime GARRIGUES : Facebook c'est marrant puisque on a grandi avec eux, enfin avec le service forcément puisqu'on était là en même temps qu'eux. Au début c'était vraiment la course aux likes et aujourd'hui une fois qu'on a fait ses fans qu'est-ce qu'on en fait.
On a essayé de faire du business avec ces fans, c'est compliqué ! L'exemple que je donnais c'est quand vous êtes au bar, au restaurant, vous avez un vendeur de fleurs qui vient vous déranger, vous n'avez pas envie de lui acheter puisque c'est juste pas le moment. Et finalement sur Facebook vous discutez avec vos amis de votre vie, vous partagez des photos etc et les marques c'est compliqué pour elles de faire un business à court terme. Par contre, c'est très simple pour les marques de créer de la relation et créer de l'engagement parce qu'effectivement la marque devient à la manière d'un ami, quelqu'un qui est proche, avec qui je vais partager du contenu.
Donc aujourd'hui comment on conçoit Facebook, on le conçoit plus comme un outil de fidélisation de services après-vente relationnel qu'un outil de business court terme Et la meilleure façon d'en tirer profit c'est de considérer Facebook comme une formidable caisse de résonnance, une audience fabuleuse que vous pouvez mobiliser en faveur de vos marques. Alors aujourd'hui on l'utilise très souvent comme du média ++ finalement, en disant voilà j'ai 100 000 fans abonnés à ma page, comment je vais pouvoir l'animer en vue de générer ce trafic sur du web to store donc en magasin et/ou sur le site web de notre client pour que ça génère du business à terme. C'est le plus de l'activation, on utilise Facebook comme un levier d'activation en fait.
Marketing Attitude : Nous savons que vous avez, entre autres, géré la campagne ou la digitalisation de l'émission " Plus belle la vie ". Raconte nous un peu comment ça s'est passé ?Maxime GARRIGUES :Oui, Plus Belle la Vie qui est le premier programme français, première série française diffusée, un million de français tous les soirs qui regardent ça, ils sont venus à la suite d'une compétition c'est-à-dire un an et demi, ils sont venus nous voir ils avaient un problème, c'est qu'ils avaient une fabuleuse audience à la télé mais cette audience elle n'était pas fédérée sur le web et notamment sur les réseaux sociaux. Et au-delà de ne pas être fédérée, la nature n'aimant pas le vide, et sur internet c'est un peu la même chose, il y avait des pages fans non officielles qui agrégeaient 100 000 à 200 000 fans. Et on a du mal à générer des fans quand on laisse des pages fans non officielles avec 100 000, 200 000 fans.
Du coup, ils nous ont demandé de produire une stratégie Facebook en vue d'avoir une page officielle. Donc la stratégie était la suivante, on a créé une page fan Plus Belle la Vie avec des liens, avec la série, avec une animation officielle et avec du contenu exclusif. Cette page compte aujourd'hui plus d'un million de fans et on a créé 28 pages personnage pour fédérer des interactions entre les personnages de la série, mais sur Facebook.
Un exemple concret, un personnage qui s'appelle Nathan dans la série qui est un pré-adulte , il va au cinéma dans la série mais vous ne savez pas quel film il va voir parce que ça n'a pas de sens dans la série donc vous le voyez il est avec sa copine, il part de l'image et il va au cinéma, sur Facebook on va dire que il a été voir le dernier film de Tom Cruise pour engager les utilisateurs à donner leur avis sur le dernier film, bien évidemment ce film c'est celui qui est à l'écran en ce moment en France et donc du coup on crée de l'interaction et on fait de l'animation semi-live en créant une passerelle entre la fiction qui passe à la télé et la réalité.
Marketing Attitude : Ça a dû demander des efforts énormes en termes de community management ?Maxime GARRIGUES : Alors effectivement on a industrialisé un peu le processus, trouvé une méthodologie, c'est vraiment intéressant avec notre métier puisque personne ne l'avait fait avant nous. Et donc, on est en train d'inventer une méthodologie, des façons de produire, des façons de penser et donc du coup effectivement on a introduit une méthodologie qui est un méga classeur Excel, des comités éditoriaux toutes les semaines et tous les mois pour valider les contenus avant que ça soit publié en lien avec les scénarios qui vont passer à la télé.
Pour la petite histoire, on a salarié pour la marque Plus Belle la Vie l'un des plus grands passionnés de Plus Belle la Vie qui avait sa propre page fan et son propre site. On lui a proposé de rejoindre l'équipe officielle de Plus Belle la Vie chez notre client. Donc du coup c'est des community managers, un peu à la manière de Coca qui avait salarié le best fan de la page.
Marketing Attitude : Quelques conseils pour finir, pour les petites marques qui n'ont pas forcément de gros budgets, les petites marques qui veulent se digitaliser et qui veulent mettre en place une stratégie sociale.Maxime GARRIGUES : Alors le premier conseil, ce n'est pas réellement une question de budget, c'est une question d'envie, de transparence, de pertinence. Vous avez des petits acteurs en France qui sont devenus célèbres, vous devez connaitre Archiduchesse, il vendait des chaussettes, Patrice CASSARD , ce n'est pas quelqu'un qui a mis 100 000, 200 000 € en budget média sur Facebook pour avoir des fans, c'est quelqu'un qui est juste naturel et qui était dans l'interaction, qui racontait, qui était pertinent et qui était transparent.
Donc premier conseil c'est quand vous voulez vous mettre sur facebook, allez-y vraiment, c'est-à-dire dévoilez-vous, rendez accessible votre contenu, rendez accessible votre marque et puis vous verrez ça va prendre.
Deuxième conseil, c'est : vous êtes intéressant ! Partez de ce postulat-là. Souvent nos clients nous disent " mais attenez nous on est telle marque on n'a rien à raconter " et quand on se met autour de la table avec eux, on se rend compte qu'ils ont beaucoup de choses à raconter, les coulisses de comment est créé, le produit ou le service, les salariés qui font ce produit là, ça intéresse les gens. Et finalement il faut sortir des communications traditionnelles pour communiquer avec les gens, il faut faire une pub et mettre une belle photo de produit puis voilà c'est le seul contenu que je peux produire quand je suis une marque, non ! Quand vous êtes une marque vous avez plein de choses à raconter et il ne faut pas hésiter à aller dans ce type de contenus.
Troisième conseil que je donnerai, c'est prenez le temps, on est encore dans les médias sociaux et en particulier Facebook dans des cours d'apprentissage et vous ne verrez pas le retour sur investissement en quinze jours / un mois notamment parce qu'il faut une certaine masse critique. Quand on a commencé à accompagner un client comme la boite à pizza par exemple, quand on avait 10 000 fans, il n'y avait pas de valeur ajoutée immédiate à avoir ces 10 000 fans parce que le volume était faible, par contre maintenant on en a 90 000, et quand on fait un jeu concours on demande aux gens de construire leur pizza préférée, avec un configurateur de pizza, on s'aperçoit que la pizza élue par la communauté a été derrière la meilleure vente de l'année de la boite à pizza, pourquoi, parce que ces 90 000 fans représentent l'échantillon des consommateurs de la boite à pizza et que du coup c'est une valeur de les faire participer ces gens-là parce qu'on produit le produit ou le service idéal, celui qui va générer le plus de chiffre d'affaires. Mais pour arriver à ces 90 000 fans on a eu peut-être six mois d'apprentissage avec un investissement en temps et effectivement un peu en argent.
Un Grand Merci à Maxime pour ce retour d'expérience et tous ses conseils. Vous pouvez le retrouver sur son blog ou sur twitter .
Ci-dessous la vidéo intégrale de la conférence qu'il a donnée à Tunis sur la communication sur facebook.