Vittorio, psy, voit un jour débouler Lisandra dans son cabinet. Et s'enfuir. Il se jure de la retrouver.
Lippi, Allégorie de la simulation, 1650
Quelques années plus tard, Vittorio rentre du cinéma pour découvrir Lisandra, devenue sa femme, écrasée au pied de l'immeuble. Leur appartement est sens dessus-dessous. Vittorio est jeté en prison. Seule une de ses patientes, Eva Maria s’intéresse à son sort. Et mène l'enquête pour lui. Cela l’amène à se plonger dans les séances de psychanalyse de Vittorio, à découvrir les autres patients... Elle remonte les pistes, seule. Cette femme, dont la fille Stella a disparu sous la dictature argentine, n'est pas un détective modèle : elle boit, elle bouscule, elle accède à des dossiers privés. Et rapporte religieusement à Vittorio ses découvertes...
Ce roman policier très efficace, sur fond de tango, joue sur les faux-semblants. Qu'est-il arrivé à Lisandra ? Est-ce un suicide ? Un meurtre ? Un assassinat ? Et qui voudrait du mal à la femme de son psy ? Hélène Grémillon multiplie les pistes possibles, nous mène dans une danse avec les personnages dont elle seule a la clé. Mon seul regret est que ce livre ne se soit pas terminé à la page 323. Laissant le lecteur dans l'incertitude. Car le dénouement, à mon sens, n'est guère à la hauteur de l'intrigue.
Malgré ce bémol, ce roman reste de très bonne facture, prenant et étonnant. Laissant entrevoir un fond politico-historique violent, celui de l'Argentine de la junte militaire, il distille des témoignages, notamment celui de Miguel, sur cette période sanglante. Je me suis demandée si cela apportait réellement quelque chose à l'intrigue, si ce n'était pas une façon de faire un peu de pathos. Mais cela s'intègre bien à l'atmosphère de suspicion générale du roman... et, qui sait, le coupable est peut-être là ?