Quelle histoire bouleversante ! Tom et Isabel vivent heureux sur l'île de Janus Rock, au large de Point Partageuse, au sud de Perth, en Australie. Tom est gardien de phare. Leur couple vit un bonheur parfait, teinté toutefois par le besoin pressant d'Isabel d'avoir des enfants. Mais hélas, elle multiplie les fausses couches et plonge dans un profond désarroi. Aussi, le jour où une barque échoue sur leurs côtes, avec à son bord un homme - mort - et un bébé, Isabel supplie son mari de le garder et de n'en parler à personne.
Tom va agir par amour pour sa femme, il va masquer la vérité et truquer les faits. Il le fait, parce qu'il sent Isabel au bord du gouffre. Pour elle, l'arrivée de ce bébé est un cadeau du ciel, elle refuse d'envisager une autre solution. C'est son bébé, ou rien. La suite ne cessera de se révéler poignante et débordante d'émotions. Cela expliquera, aussi, pourquoi on passe tant de temps à ressasser le passé, à introduire d'autres personnages, à raconter leur histoire... on comprend mieux leur importance dans la dernière ligne droite.
C'est un livre d'une sensibilité rare, qui évoque l'amour, l'isolement, le bonheur et la plénitude, mais surtout la maternité et tout ce qu'elle implique en folie et sacrifice. C'est énorme. Terrible. Un véritable déchirement. Au départ je trouvais le roman surestimé, c'était très bien mais les lecteurs s'étaient peut-être un peu trop emballés à son sujet. Et puis soudainement, je me suis sentie aspirée par le récit, en pleine communion avec les personnages et leurs émotions. J'étais, moi aussi, partagée, sous le choc, me posant cette question : mais qu'aurais-je fait ?
Cette lecture n'aura donc pas usurpé son concert de louanges et de critiques dithyrambiques, à commencer par celle d'Olivia de Lamberterie. C'est un roman bouleversant, très beau, qui nous interroge et nous met la tête à l'envers. Martin Spinhayer livre une interprétation poignante du récit, mais une fois encore j'ai eu du mal avec les voix féminines, sinon la réalisation sonore est impeccable, c'est une version envoûtante et carrément dépaysante.
Audiolib, Février 2014 ♦ Texte intégral lu par Martin Spinhayer (durée d'écoute : 12h 27) ♦ Traduit par Anne Wicke pour les éditions Stock