Quelles sont les nouvelles du front économique ?
Hollande peaufine son pacte de responsabilité. On murmure qu'il le dévoilera au lendemain des élections municipales. On imagine qu'il demandera la confiance du Parlement, par gouvernement interposé. On suppute qu'il l'obtiendra sauf si la gauche du Parti socialiste se désengage pour de bon.
Pour l'heure, ce sont les autres, les plus irresponsables, qui en parlent le mieux.
Syndicats
Deux des trois syndicats qui avaient signé avec le MEDEF un prémisse de ce pacte la semaine dernière l'ont fait ratifier par leurs instances. Les explications de Carole Couvert, présidente de la CFE-CGC, valent le détour. Elles illustrent les limites de ce "donnant-donnant" si cher au président Hollande: oui, reconnaît-elle, il n'y a aucune "sanction" contre les entreprises si les objectifs d'embauches ne sont pas atteint.Mais, assure-t-elle, "on se mettra en travers de leur chemin" si les actionnaires décident d'augmenter leurs dividendes chez les bénéficiaires d'allègement de charges. On ne pouvait pas rêver pire simplification des enjeux et impasse générale.
De la baisse du coût du capital, enfin évoquée par un ministre, on ne parlera pas ou peu.
Mercredi matin, su Europe 1, un peu après 8 heures, un éditocrate des Echos regrettait que les réductions de dépenses publiques ne soient pas assez fortes pour qu'on puisse baisser les cotisations plus largement encore.
Experts
Dans les cercles patronaux, on continue le lobbying sur la "baisse des charges". En couverture des Echos, deux économistes brandissaient les résultats d'une étude sur le dispositif zero-charges que le gouvernement Fillon avait réservé aux bas salaires: ô surprise ! Cette affaire avait facilité des embauches sans, précisent les auteurs, coûter grand chose aux finances publiques.De quoi parle-t-on ? D'une des mesures de Nicolas Sarkozy prise dans l'urgence de décembre 2008, quand l'ANPE recevait chaque mois quelques centaines de milliers de chômeurs supplémentaires: les entreprises de moins de 10 salariés pouvaient bénéficier d’exonérations de cotisations patronales pour toute embauche – ou renouvellement de CDD – d’un salarié rémunéré en dessous de 1,6 fois le SMIC.
Au final, 30.000 embauches ont été ainsi réalisées...
Vous avez bien lu.
30.000 embauches, en pleine crise, à un moment où le chômage grimpa de plus d'un million en quelques mois. 30.000 embauches, c'est tout. Il y avait donc deux experts pour considérer ce résultat réjouissant au prix d'une exonération totale et intenable dans la durée des cotisations patronales sur des bas salaires.
Quelle époque épique...
Nos deux "experts" se sont même mis à extrapoler. Rêvons un peu, donc: ils ont imaginé que le gouvernement pourrait supprimer jusqu'à 14 points de cotisations patronales sur les mêmes bas salaires, sans contrainte sur la taille de l'entreprise: "Si on extrapole les résultats du “zéro charge”, une mesure annulant complètement les charges patronales qui subsistent au niveau du SMIC (environ 14 points) pourrait créer jusqu’à 800.000 emplois ".
MEDEF
Jean-Marc Ayrault avait justement précisé mercredi vouloir cibler 10 des 30 milliards d'euros d'allègements de cotisation sur les bas salaires "parce que c’est là qu’il y a de l’emploi "... C'est surtout là qu'il y a du chômage ! Le futur ex-ministre des finances Pierre Moscovici y est aussi allé de son couplet: "Il y a un arbitrage à faire entre ce qui va vers l'emploi - et plus on allège sur les bas salaires, plus c'est créateur d'emplois - et ce qui va vers la compétitivité et donc vers les plus hauts salaires." Dans quelques semaines il espère récolter un poste à la commission européenne, malheur...Retenez cette dernière formule, c'est exactement celle du MEDEF ! L'organisation patronale s'en fiche un peu des allègements de cotisations sur les bas salaires: "concentrer les allègements sur les bas salaires serait inacceptable" a prévenu le numéro deux du Medef, Jean-François Piliard.
Statistiques à l'appui, on avait un instant cru que les critiques contre un coût du travail prétendument trop douloureux pour nos entreprises nationales portaient sur les bas salaires. On exhibait des exemples d'ouvriers de l'automobile (pour mieux célébrer le modèle allemand), ou d'immigrés sous-payés et sans SMIC dans les usines de charcuterie d'outre-Rhin pour mieux convaincre la population combien il y avait urgence à "alléger" le fardeau des employeurs.
Nous nous trompions.
En fait, comprenait-on enfin, il s'agissait d'alléger les charges pour tous. Pierre Gattaz, d'ailleurs, réclamait notamment 100, et pas 30 milliards d'euros d'allègements.
Enfin, pour eux.
Ami sarkozyste, reviens.
Explique-toi.