Lors du Ouishare Talk de mardi dernier, Olivier Aizac, co-fondateur du site Le Bon Coin, revenait sur la success story de ce site modèle pour tout l’univers de la consommation collaborative en France, mais aussi plus généralement pour les entrepreneurs du web.
Source : lentreprise.lexpress.fr
Ce qui était au début perçu comme un business de crise est devenu la première machine à recycler de France. En 8 ans, les effectifs sont passés de 2 à plus de 200 personnes. Premier site immobilier de France, avec deux fois et demie l’audience de SeLoger.com, premier site automobile, acteur majeur de l’emploi, du textile (plus d’un million d’annonces de vente de vêtements), de l’ameublement (1 million d’annonces), et de l’hébergement publicitaire, le site gère au total plus de 23 millions d’annonces, 500 000 arrivant sur le site chaque jour.
Revenant sur les raisons d’un tel succès, Olivier Aizac cita 3 convictions fortes l’ayant guidé depuis le début de cette aventure :
- En 2006, Internet était en phase de démocratisation, avec le passage du modem au Haut Débit. Qui dit grand public, dit besoin d’une interface extrêmement simple, d’« un outil populaire, accessible à tous ».
- Le site était gratuit à l’origine, car il arrivait parmi de nombreux concurrents ayant déjà pignon sur rue. L’idée était de rendre le service payant une fois sa popularité assurée. Finalement, il est resté gratuit car la dynamique de développement s’est avérée beaucoup plus forte que ce qu’ils avaient anticipé. En revanche, ils ont imaginé de nouvelles lignes de revenu sur des usages auxquels ils n’avaient pas pensé.
En cela, Le Bon Coin est un exemple de « développement par la clientèle ». Comme le fit remarquer Olivier Aizac, tout le contenu du site vient des clients, ce qui est une des forces de la consommation collaborative. Les internautes s’en sont emparés pour des usages que les créateurs du site n’avaient pas anticipés : ainsi, Le Bon Coin est devenu la première bourse d’échange de foin entre éleveurs !
- Enfin, à l’inverse d’Ebay qui proposait d’acheter dans le monde entier, Le Bon Coin s’est construit sur la proximité, avec pour modèle le petit papier sur la caisse de la boulangerie d’en face. Là où le site d’enchères en ligne propose des outils déresponsabilisants (paiement sécurisé ou notations), le site d’annonces invite chacun à aller sonner chez son voisin, la rencontre réelle devenant la meilleure garantie.
Le Bon Coin est un média de rencontre, témoin du glissement de la société du jetable vers une consommation raisonnée et plus solidaire. Brassant des objets déréférencés ou uniques, il ajoute à la valeur d’usage de ceux-ci une valeur affective. Au-delà de l’acte d’achat, se joue un lien par l’objet, jusqu’à des comportements économiquement illogiques (« je vous le vends à vous parce que vous m’êtes sympathique ».
Entre « faire plus avec moins », « penser et agir de manière flexible », « viser la simplicité » et « intégrer les marges et les exclus » (quoi de plus inclusif que Le Bon Coin ou Craigslist ?), le site est une belle mise en application des principes de l’innovation Jugaad. Pour citer Olivier Aizac : « Nous n’avons pas réinventé la roue, nous sommes restés sur des principes simples ».